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Pérou / Venezuela

Le Pérou durcit les conditions d’entrée des migrants vénézuéliens

Depuis vendredi minuit, les Vénézuéliens fuyant leur pays en masse et souhaitant se rendre au Pérou ont l’obligation de présenter un passeport en règle. Jusqu’ici, ils pouvaient encore passer avec une simple carte d‘identité. Reportage à la frontière entre l'Equateur et le Pérou.

Migrants vénézuéliens à la frontière entre l'Equateur et le Pérou, le 24 août 2018.
Migrants vénézuéliens à la frontière entre l'Equateur et le Pérou, le 24 août 2018. RFI / Eric Samson
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Avec notre envoyé spécial à Huaquillas, Eric Samson

Parmi les milliers de Vénézuéliens qui ont fait la queue vendredi à la frontière, Kimberly faisait partie d’un groupe de six adultes et quatre enfants. Elle a quitté d’urgence le Venezuela ce mercredi en faisant du stop et en mendiant de la nourriture pour essayer de passer au Pérou avant le durcissement des règles migratoires. Elle est soulagée : elle n’a pas de passeport mais elle est arrivée avant l’heure limite.

« On a réussi à obtenir à temps l’autorisation de passer la frontière. Là on va faire la toilette des enfants et les faire manger un peu. Ensuite on continuera vers Lima. On ne sait pas trop comment on va faire mais on va continuer de voyager si Dieu le veut. »

Ainsi cette date-butoir a provoqué beaucoup de tension parmi les migrants, notamment chez ceux qui n’avaient pas de passeport en règle. Toute la journée, la queue a été importante face aux dix cabines où les autorités péruviennes de migration prenaient leurs empreintes et une photo, histoire de maintenir un brin de contrôle sur une migration qui a explosé depuis le début de l’année.

Les fonctionnaires travaillent 24 heures sur 24 pour faire face à l’arrivée de 3 000 à 5 000 migrants tous les jours. Il y a quelques mois, c’étaient beaucoup d’adultes qui voyagaient, souvent seuls, un peu comme une avant-garde. Maintenant, leurs familles les rejoignent et il y a énormément d’enfants dans les files d’attente.

Des deux côtés de la frontière, les migrants étaient néanmoins accompagnés, que ce soit par les équipes des Nations unies, des autorités locales, de la Croix-Rouge mais aussi beaucoup par de bons samaritains, comme cette famille péruvienne qui a cuisiné des plats pour les enfants et les a distribués depuis une petite moto taxi.

« C’est une situation d’urgence, compliquée, avec des gens qui n’ont pas pu s’alimenter pendant la traversée, déplore Gonzalo Luna, avocat et membre du réseau de bénévoles Encuentros jesuitas de solidaridad. Et ils manquent de tout : de nourriture, de couches pour les bébés, sans parler de ceux qui ont été fragilisés par le voyage. C’est la raison pour laquelle l’Unicef est présent ici, pour aider sur le plan médical, faire des examens de sang et fournir des compléments vitaminiques surtout aux mineurs, car les enfants avaient grand besoin de nourriture et de soins médicaux urgents. »

TEMOIGNAGE

C’est une situation d’urgence, compliquée, avec des gens qui n’ont pas pu s’alimenter pendant la traversée.

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Gonzalo Luna

RFI

Lima invoque la sécurité

Officiellement, Lima a durci sa politique migratoire pour des raisons de sécurité. Le Pérou mais également l’Equateur estiment que les cartes d’identité vénézuéliennes peuvent être facilement falsifiées et permettre l’arrivée de délinquants.

Mais il y a surtout les chiffres. Il y avait un peu moins de 7 000 Vénézuéliens installés au Pérou en 2016. Ils sont aujourd’hui 400 000 et Lima en attend 100 000 de plus lors des prochaines semaines.

Ce durcissement peut néanmoins paraître paradoxal. Accueillir les migrants au Pérou était en effet le complément logique d’une politique péruvienne très critique contre le régime du président Maduro.

Les traficants en embuscade

Quoi qu'il en soit, Gina Benavides, la Défenseur du peuple du régime équatorien, espère que tous les pays de la région, dont le Pérou, renonceront à exiger un passeport dont l’obtention est très difficile au Venezuela, pour éviter de nouveaux traumatismes aux migrants.

« L’unité familiale a été cassée, déplore-t-elle. Parfois la mère a une carte d’identité qui a caduque, le mari lui a un passeport et les enfants n’ont pas de papiers. Dans la pratique, les gens sont restés bloqués. Et quand les gens sont désespérés, ils choisissent de passer la frontière illégalement avec le risque de tomber sous la coupe de réseaux de trafic de migrants. »

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