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Canada / Etats-Unis

Sommet du G7: Justin Trudeau sera-t-il le leader des anti-Trump?

Le sommet du G7 qui s’ouvre vendredi 8 juin à la Malbaie (Québec, Canada) s’annonce houleux. Les discussions devraient se cristalliser autour de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump avec de nouvelles taxes douanières sur l'acier et l'aluminium. Le Premier ministre Justin Trudeau pourrait devenir le porte-parole des pays anti-taxes, une chance de redorer son image auprès de ses concitoyens.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, ici à Ottawa, le 31 mai 2018.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, ici à Ottawa, le 31 mai 2018. REUTERS/Chris Wattie
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Jusque-là, Justin Trudeau semblait plutôt privilégier les « opérations de charme » vis-à-vis de son voisin américain. Tout sourire, malgré leurs différends notoires, Justin Trudeau jouait les bons amis avec Donald Trump. Il avait même déclaré publiquement qu'il lui faisait confiance, car celui-ci lui avait « promis » de ne pas lancer une guerre commerciale à l’encontre du Canada.

Alors quand le 31 mai 2018, Donald Trump a annoncé que d’importants tarifs douaniers allaient désormais s’appliquer pour l’UE, le Mexique et le Canada, le ton du Premier ministre canadien a brutalement changé à l’égard de son premier partenaire commercial.

Aussitôt la promesse rompue, finie la diplomatie, l’heure est aux représailles. Justin Trudeau annonce d’abord 16 milliards de dollars de taxes sur les produits américains. Quelques jours plus tard, il passe à la télévision pour dénoncer le caractère « insultant » de la position américaine. Puis, il pousse même l'audace jusqu'à révéler qu’il a refusé de se rendre à Washington pour régler les derniers détails des négociations sur le nouvel accord de libre-échange nord-américain (Alena), entamées il y a dix mois et qui peinent à aboutir, estimant que les exigences demandées sont « insensées ».

En une semaine, l'image internationale du Premier ministre « cool et branché » adepte de selfies s’efface pour laisser la place à un Justin Trudeau plus offensif, tenant tête à la puissance américaine. Le G7 pourrait être une bonne occasion pour lui de prendre le leadership d’un front anti-taxes uni, capable, au mieux, de ramener Donald Trump à la raison, au pire, à faire monter la pression.

Peu d’espoirs d’obtenir un communiqué conjoint

L’objectif affiché du Canada cette année est d’avancer sur la question des inégalités hommes-femmes. Un sujet assez consensuel, tout comme la réduction des plastiques dans les océans et l’éducation des filles dans les pays pauvres. En revanche, il sera difficile de trouver des points de convergence entre les pays membres et Donald Trump sur les sujets sensibles.

Le président américain s'est retiré des accords de Paris. Il est sorti de l'accord sur le nucléaire iranien. Il fragilise la paix au Proche-Orient en déménageant son ambassade à Jérusalem, et il restera probablement inflexible sur la question des tarifs douaniers. Le risque est donc que les dirigeants du G7 ne parviennent pas à se mettre d'accord sur un communiqué conjoint. L’éventualité de signer un communiqué conjoint entre les six membres du G7, sans les Etats-Unis, serait en revanche une victoire incontestable pour Justin Trudeau. Mais il n'est pas sûr que la Grande-Bretagne et le Japon acceptent une position aussi dure.

La dernière carte internationale de Justin Trudeau

A moins d'un an des prochaines élections au Canada et alors que sa bonne étoile des débuts a pâli au cours de son mandat, Justin Trudeau pourrait donc chercher à redorer son image, écornée par un bilan intérieur mitigé (56 % des Canadiens sont déçus de sa politique) et de ses échecs répétés à l’international.

On se souvient de son incapacité à établir des accords bilatéraux avec la Chine, le fiasco qu'a été sa visite en Inde ou encore ses promesses non tenues sur l'environnement, avec la construction du pipeline Keystone et la toute récente nationalisation d'un oléoduc très contesté en Colombie-Britannique.

Le G7 étant l’une des rares tribunes internationales où le Canada peut encore exercer une influence, l’occasion est toute trouvée et on ne lésine pas sur les moyens : 600 millions de dollars ont été dépensés pour organiser l’évènement. Face aux critiques, le Premier ministre canadien assume : « l’importance du G7 ne doit pas être sous-estimée ». L’occasion pour lui de défendre non seulement les intérêts économiques de son pays, mais d’affirmer un leadership face au protectionnisme américain.

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