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Paraguay

Mario Abdo Benitez remporte la présidentielle paraguayenne, avec l'ombre du père

Le candidat de droite Mario Abdo Benitez a remporté dimanche l'élection présidentielle au Paraguay, poursuivant l'hégémonie de son parti Colorado, qui gouverne le pays sud-américain presque sans interruption depuis 1947, selon les résultats officiels. Pour l'emporter, il a surtout dû se distancer bien malgré lui de la figure de son père, qui fut secrétaire particulier de l'ancien dictateur Stroessner.

Le nouveau président paraguayen, Mario Abdo Benitez, après sa victoire, à Asuncion, le 22 avril 2018.
Le nouveau président paraguayen, Mario Abdo Benitez, après sa victoire, à Asuncion, le 22 avril 2018. REUTERS/Andres Stapff
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« Le président de la République est Mario Abdo Benitez », a déclaré le président du tribunal électoral, Jaime Bestard, précisant que le candidat a obtenu 46,49% des voix contre 42,72% pour son rival Efrain Alegre, porté par une coalition de centre gauche, des résultats qui portent sur 96% des bulletins et sont « irréversibles ».

Les autorités électorales ont fait état d'une participation d'environ 65%. Les 4,2 millions d'électeurs avaient été appelés à choisir le successeur du président sortant Horacio Cartes mais aussi à renouveler leur Parlement et élire les gouverneurs des 17 départements du pays.

Son adversaire, l'avocat Efrain Alegre, 55 ans, affichait des ambitions plus sociales, proposant la santé gratuite pour les plus démunis et un allègement drastique de la facture d'électricité pour stimuler investissements et emplois. Les deux hommes étaient opposés à la légalisation de l'avortement et au mariage pour tous, dans ce pays très catholique.

Enclavé entre la Bolivie, l'Argentine et le Brésil, le Paraguay, dynamique économiquement mais miné par la pauvreté, la corruption et le trafic de drogue, a été profondément marqué par la longue dictature d'Alfredo Stroessner (1954-1989).

Faire campagne et gagner, malgré l'ombre paternelle

La famille Benitez a eu des liens étroits avec la junte: Mario Abdo Benitez, surnommé Marito, est le fils de Mario Abdo, qui fut le secrétaire personnel de Stroessner.

Derrière sa capacité à déjouer les pronostics, une carrière politique où il a constamment dû afficher ses distances avec la figure de son père. Mario Abdo Benitez lui-même rappelle qu'il avait « 16 ans quand Stroessner est tombé ». « J'ai gagné mes références démocratiques au cours de ma carrière politique », s'est justifié dimanche 22 avril Mario Abdo Benitez, qui avait pourtant assisté aux funérailles de l'ex-dictateur, en exil au Brésil, en 2006.

« La critique de mon parcours lié au stronisme (le mouvement de Stroessner, ndlr), je la reçois depuis mes débuts en politique » en 1992, raconte-t-il. « Je regrette la partie noire de notre Histoire, mais comme beaucoup de Paraguayens je pense que cela ne doit pas être une excuse pour maintenir une division entre compatriotes », ajoute-t-il. Mais s'il a toujours rejeté tout lien avec la dictature, il n'a pas non plus renié son père : « C'était un homme noble », affirme-t-il.

« Tout reste à faire » pour le président... sortant

Une proximité familiale à une époque trouble qui n'a donc pas eu d'effets sur les résultats. Le passé de son père a finalement peu importé aux électeurs : « Ceux qui ont moins de 40 ans ne se souviennent plus de cette dictature, c'est pour ça que ce n'est pas en discussion dans la campagne », explique à l'AFP l'analyste politique Francisco Capli.

Fine barbichette et cheveux poivre et sel, cet homme élégant de 46 ans est un pur produit de l'élite paraguayenne: il a étudié dans le très sélect collège San Andrés de Asuncion, avec comme compagnons de classe les petits-enfants de Stroessner, avant de prendre le chemin des Etats-Unis d'où il reviendra diplôme en marketing.

Pour Marito, la course avait commencé en décembre dernier, quand il a réussi l'exploit d'être désigné candidat du parti Colorado, au pouvoir quasiment sans interruption depuis 70 ans, face à l'ex-ministre des Finances Santiago Peña, poulain désigné par le président sortant Horacio Cartes. Le président sortant a reconnu dimanche, après avoir voté, que « tout reste à faire » au Paraguay : « Nous avons des dettes sociales, ce n'est pas concevable qu'avec toute la richesse que nous avons et en étant sept millions d'habitants, nous ayons ce niveau de pauvreté. »

→ Réécouter notre invitée, Floriane Louvet : les grands défis du Paraguay: « la terre, la pauvreté et les droits humains »

(Avec AFP)

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