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Chili

Chili: un juge enquête sur près de 500 bébés volés sous Pinochet

Un juge d'instruction a ouvert une enquête sur près de 500 enfants vendus surtout sous la dictature de Pinochet pour être adoptés à l'étranger. Ce trafic de bébés touchait principalement des femmes de milieux sociaux modestes, repérées en amont par des assistantes sociales. Dans de nombreux cas, on disait à ces mères que leur enfant était mort pendant l'accouchement pour dissimuler les faits. Mais ceux-ci peuvent tomber sous le coup de la prescription.

Santiago, la capitale du Chili (Photo d'illustration).
Santiago, la capitale du Chili (Photo d'illustration). Pixabay / CC / santiagoantinogene
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Avec notre correspondante à Santiago, Justine Fontaine

La justice enquête sur une période très longue, de 1950 à 2001, qui concerne plus de 500 cas d'adoptions illégales, mais dont près de 90% aurait eu lieu sous la dictature du général Augusto Pinochet Justine, entre 1973 et 1990.

L’affaire a été portée en justice par l’ONG chilienne Nos buscamos (« Nous nous cherchons », en espagnol), qui aide des enfants adoptés à retrouver leurs parents biologiques, et inversement. Elle avait déjà dénoncé une affaire d'adoptions illégales il y a quelques années, mais elle concernait beaucoup moins de cas.

Un trafic organisé par des assistantes sociales

Selon les éléments réunis par l'association, une femme était à la tête de ce trafic : une assistante sociale, aujourd'hui âgée de 96 ans. Elle aurait rémunéré d'autres assistantes sociales à travers tout le pays pour repérer des femmes enceintes très vulnérables, parfois considérées comme incapables de s’occuper de leur futur enfant. Leur bébé était confisqué à la naissance et, dans de nombreux cas, on leur disait qu’il n'avait pas survécu à l’accouchement. Le nourrisson était ensuite envoyé à l'étranger.

Des centaines d'enfants auraient ainsi été emmenés illégalement en Suède via un centre d'adoption suédois pour lequel travaillait l'assistante sociale en question. D'autres ont également été adoptés aux Etats-Unis, en France, au Pérou ou encore en Italie. Dans certains cas, les mères victimes étaient issues d’un milieu aisé, mais leurs parents les obligeaient à se séparer de leur enfant à la naissance.

Le régime de Pinochet n’est pas soupçonné directement

Certains cas ont eu lieu avant et après la dictature. Si le régime d'Augusto Pinochet n'est pas soupçonné ici d'avoir directement vendu des bébés, le contexte de l’époque était propice à ce trafic d'enfants selon l'association « Nos buscamos » : Tout comme la répression du régime, cela touchait en particulier une population pauvre et vulnérable et ces personnes ne pouvaient pas faire valoir leurs droits à l’époque, faute de réseau personnel ou associatif vers lequel se tourner.

Des fonctionnaires de l'état civil et des juges sont pourtant soupçonnés d’avoir aidé à falsifier les certificats de naissance et d’adoption des enfants.

Les enlèvements peuvent être prescrits

De nombreux cas pourraient tomber sous le coup de la prescription, comme lors d’une première affaire dénoncée par l’association. Pour éviter cela, le juge en charge doit prouver que ces faits constituent des crimes contre l'humanité, donc imprescriptibles, comme lors d’une disparition forcée. Il doit également démontrer l'implication d'agents de l'Etat.

Malgré ces difficultés, l'association « Nos buscamos » et les familles concernées espèrent que l'enquête permettra d'en savoir plus sur ces affaires et incitera à renforcer les droits des enfants adoptés.

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