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Colombie

Catastrophe naturelle en Colombie: l'état de «calamité publique» déclaré

Au moins 200 morts, un bilan encore provisoire, et des centaines de blessés et de disparus. La Colombie est en deuil après une gigantesque coulée de boue qui a emporté des quartiers entiers de la ville de Mocoa dans le sud du pays. De très fortes pluies s’abattent sur la région andine en raison du phénomène climatique El Niño et les dégâts sont considérables dans la province de Putumayo et en particulier dans la capitale régionale où s’est rendu le président Santos.

Mocoa: un homme au milieu des décombres de ce qui fut sans doute sa maison ou sa rue, emportées par le flot de boue, le 1er avril 2017.
Mocoa: un homme au milieu des décombres de ce qui fut sans doute sa maison ou sa rue, emportées par le flot de boue, le 1er avril 2017. REUTERS/Jaime Saldarriaga
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Après avoir fait état de 234 morts, la Croix-Rouge est revenue ce dimanche à un bilan de 200 morts, expliquant qu'il y avait eu une confusion lors de l'identification des victimes. Elle a compté également 203 blessés et un nombre indéterminé de disparus qu'elle avait précédemment évalué à environ 150.

Mocoa a lancé ce dimanche un nouvel appel à l'aide: les vivres manquent et la ville est totalement isolée du reste de la Colombie par les glissements de terrain, rapporte notre correspondant à Bogota, Zoe Beri. Ces pénuries s'ajoutent à l'angoisse des survivants qui cherchent les disparus dans les décombres. Selon les habitants, beaucoup manquent à l'appel, plus que ne le laisse supposer le bilan officiel. L'hôpital ne parvient pas à soigner tous les blessés et les plus graves sont peu à peu évacués par voie aérienne vers les villes les plus proches.

La déforestation pointée du doigt

Dans les rues, certains sinistrés avaient commencé aujourd'hui à abattre les pans de murs restés debout dans la marée d'arbres et de pierres, pour éviter qu'ils ne provoquent plus de dégâts. Ils comparaient la catastrophe à celle d'Armero, toutes proportions gardées: à Armero en 1985, 25 000 personnes avaient été ensevelies sous la boue, après l'éruption du volcan du Ruiz.

A Mocoa, la déforestation de pans entiers de montagne serait en partie responsable de la tragédie. L'autorité environementale de la région, Corpoamazonia, avait avertit les pouvoirs publics des risques encourus par la ville, dans un rapport il y a 9 mois.

Une route détruite par l'impressionnante coulée de boue qui a frappé la ville de Mocoa, dans le sud de la Colombie, samedi 1er avril 2017.
Une route détruite par l'impressionnante coulée de boue qui a frappé la ville de Mocoa, dans le sud de la Colombie, samedi 1er avril 2017. REUTERS/Jaime Saldarriaga

Le président colombien se rend sur place et déclare l'«état de calamité»

Maisons effondrées, routes éventrées envahies de boue et de rochers, voitures renversées, arbres déracinés : c’est ce paysage de désolation qu’a découvert le président colombien en arrivant à Mocoa. Juan Manuel Santos a survolé la zone puis est allé parler aux victimes et superviser les opérations de secours. Il a déclaré l'état de « calamité publique » pour « accélérer » ces opérations.

« Malheureusement, le nombre de victimes est susceptible d’augmenter, parce que beaucoup de personnes sont portées disparues, se désolait le président colombien samedi soir. On est en train de recenser le nombre de morts… des gens viennent nous dire : je ne sais pas où est mon père, ma mère... Le nombre de personnes qui ont perdu la vie, ces dernières heures, la rapidité avec laquelle il a grandi est impressionnante, ça brise le cœur ».

Le président Juan Manuel Santo s'est rendu à Mocoa, dans le Putumayo pour évaluer les dégâts provoqués par la coulée de boue qui a dévasté la ville, le 1er avril 2017.
Le président Juan Manuel Santo s'est rendu à Mocoa, dans le Putumayo pour évaluer les dégâts provoqués par la coulée de boue qui a dévasté la ville, le 1er avril 2017. Reuters/Cesar Carrion/Colombian Presidency

La gouverneure du Putumayo parle elle d’une « tragédie sans précédent ». Des quartiers entiers ont disparu et des centaines de familles n’ont pas encore été retrouvées. Sur place à Mocoa, les services de la Croix-Rouge estiment que 17 quartiers ont été gravement endommagés et 25 bâtiments d'habitation détruits.

La recherche des survivants, une priorité absolue

« En quelques heures seulement un tiers de la moyenne des pluies mensuelles s'est abattu sur Putumayo », explique à RFI Matthew Cochrane de la Fédération internationale de la Croix-Rouge à Genève. C'est toute cette eau qui a provoqué la coulée de boue. « La priorité absolue, c'est la recherche des survivants. Trouver toute personne encore vivante sous les décombres et la boue. Il y a aussi un grand nombre de blessés. La Croix-Rouge soutient les personnels médicaux locaux afin de garantir une prise en charge adéquate de ces blessés. Nous recevons également des rapports inquiétants sur le fait que la ville de Mocoa n'a plus d'accès à l'eau courante et par conséquent plus d'eau potable. Il n'y a plus d'électricité non plus.

A la recherche d'éventuels survivants s'ajoutent d'autres priorités comme de remettre la région en marche, poursuit Matthew Cochrane. La Croix-Rouge colombienne a envoyé des personnels supplémentaires depuis Bogota : des secouristes, mais également des médecins, des experts en logement et en télécommunications pour « une réponse humanitaire plus large ».

Les équipes de secours à la recherche des victimes de la gigantesque coulée de boue, à Mocoa, dans le sud de la Colombie, le 2 avril 2017.
Les équipes de secours à la recherche des victimes de la gigantesque coulée de boue, à Mocoa, dans le sud de la Colombie, le 2 avril 2017. LUIS ROBAYO / AFP

Selon l'Unité nationale de gestion des risques de catastrophe, plus de sept tonnes de matériel médical et d'approvisionnement en eau et en électricité ont été expédiées à Mocoa. Et plus d'un millier de militaires et de policiers participent aux opérations de secours et fouillent les décombres à la recherche d’éventuels survivants.

Plusieurs pays de la zone andine sont affectés par ces intempéries provoquées par le phénomène climatique El Niño. Au Pérou, une centaine de personnes ont péri aussi dans des inondations et il y a un million de personnes sinistrées et l'Equateur déplore une vingtaine de victimes et 9 000 familles touchées.

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