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Etats-Unis

Nouveau décret sur l'immigration: Trump revoit la forme mais garde le fond

Un nouveau décret sur l’immigration a été signé par Donald Trump, lundi 6 mars 2017. Six pays sont concernés : Iran, Libye, Yémen, Soudan, Somalie, Syrie. L’Irak ne fait plus partie de la liste. La Maison Blanche, dans le texte rendu public, tente de répondre aux objections des juges qui ont bloqué la première mouture de ce décret.

Le président américain Donald Trump, le 28 février 2017 devant le Congrès.
Le président américain Donald Trump, le 28 février 2017 devant le Congrès. REUTERS/Jim Lo Scalzo/Pool
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Avec notre correspondante à Washington,  Anne-Marie Capomaccio

La Maison Blanche a tenté de contourner la difficulté, en répondant point par point aux objections de la justice qui a bloqué le décret début février. Sur la preuve du danger posé par les réfugiés, le ministre de la Justice répond que 300 personnes, entrées sur le territoire américain par ce programme, sont aujourd’hui sous enquête du FBI. Sur la singularisation de la Syrie, ce pays est désormais traité comme les autres. Il ne s’agit plus d’une interdiction d’entrée permanente mais de 90 jours.

Une nouvelle bataille devant la justice ?

Pour justifier le choix des six pays retenus, trois d’entre eux - Syrie, Iran, Soudan -, sont considérés comme des financiers des diverses organisations terroristes. Quant aux trois autres, à savoir la Libye, la Somalie et le Yémen, il s'agit d'Etats qui, selon le décret, ne contrôlent plus leur territoire. A ce titre, ils représentent donc un danger pour les Etats-Unis. Jamais le terme musulman n’est employé dans les 12 pages du texte.

Enfin, concernant le chaos créé par le premier décret dans les aéroports, deux mesures sont mises en place : tout détenteur d’un visa ou d’une carte verte pourra entrer dans le pays, ce qui n'était pas le cas avec le premier texte. Et l’application du nouveau décret est reportée au 16 mars, pour permettre une meilleure organisation en amont de la mise en œuvre de la mesure. Reste à voir si ce décret, revu et amendé, éloignera vraiment la menace d’une nouvelle action en justice.

Pouvoir se vanter d'avoir tenu promesse

Les Etats américains à l’origine du blocage du premier décret ont déjà annoncé qu’ils avaient l’intention d’engager des poursuites sur ce nouveau texte. Les organisations de protection des migrants ont fait de même, et l’association Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) a tweeté dès lundi soir ses intentions : « Rendez-vous devant la justice ». Un clin d'œil, puisqu'il s'agit du même message que celui de Donald Trump au mois de février.

Enfin, de nombreux observateurs doutent de l’efficacité du texte présenté. Dans trois mois, ni le gouvernement libyen ni celui de Somalie n’auront repris le contrôle de leur territoire. Et ces 90 jours ne font pas vraiment la différence pour le contrôle des antécédents des réfugiés. Ces derniers attendent souvent deux ans pour obtenir un visa. En revanche, en termes d’affichage, si le décret n’est pas bloqué en justice, bien sûr, Donald Trump pourra se vanter d’avoir tenu une de ses promesses de campagne les plus emblématiques.

analyse

Selon Benjamin Haddad, chercheur au Hudson Institute à Washington, il ne faut pas se tromper, ce nouveau décret a toujours les mêmes objectifs. C’est-à-dire limiter l’immigration et en particulier les ressortissants de pays musulmans. Donald Trump tente seulement, cette fois-ci, d’améliorer sa communication. « C’est un texte qui garde l’essentiel, mais qui clarifie certaines choses », dit-il. « Ça atténue un petit peu la première mesure, mais il ne faut pas se tromper, on reste quand même dans les priorités de Donald Trump. »

« Donald Trump ne lâche rien sur le fond, sur le contenu des grands thèmes qui selon lui l’ont fait élire. C’est-à-dire le protectionnisme économique et la lutte contre l’immigration, que ce soit les réfugiés venant de pays musulmans ou la lutte contre l’immigration mexicaine avec le mur. Mais il essaie de s’adapter un peu, de se professionnaliser, d’avoir une tonalité peut-être plus rassembleuse, moins clivante, et surtout de travailler en bonne intelligence avec les différentes agences qui sont au centre de ce processus. »

« La première fois, Donald Trump a essayé très rapidement de montrer qu’il prenait des mesures, qu’il agissait, qu’il répondait aux préoccupations de ses électeurs. Et on l’a vu, ça a été chaotique, beaucoup trop controversé. Donc, il essaie de prendre en considération cette réaction. Et d’ailleurs, il l’a dit lui-même il y a quelques jours. Dans une interview, on lui demandait d’évaluer son mandat jusqu’ici. Il a répondu qu’il se donnait un " A " sur le contenu de ce qu’il avait fait, mais seulement un " C " sur l’image et la communication. »

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