Brésil: lutte contre la sécheresse dans le nord-est sur fond de lutte politique

Le nord-est du Brésil est touché par une sécheresse historique très préoccupante, car elle atteint désormais le littoral, et même la zone amazonienne avec des conséquences dramatiques pour les populations affectées. L’occasion pour les politiques de jouer aux sauveurs.

Malgré la forêt tropicale amazonienne, tout n'est pas aussi vert au Brésil. AFP / Antonio Scorza

De notre correspondant à Rio de Janeiro,

Cette sécheresse, c’est du jamais vu depuis un siècle. Elle dure maintenant depuis cinq ans, elle s’aggrave, et s’étend notamment sur les zones côtières, très touristiques.

Les régions du nord-est du Brésil sont réputées pour être arides, mais le Ceara, le Pernambouc et Bahia souffrent à présent d’un grave manque d’eau. Les réserves, accumulées pendant des années, sont aujourd’hui pratiquement à sec. C’est la pire sécheresse depuis 1910, date des premières données enregistrées dans la région.

Terre de conquête politique

Les zones asséchées avancent sur les côtes, dans l’intérieur des terres. Même la région amazonienne de Manaus est touchée. Au point que l’État de Sao Paulo, le plus riche et plus peuplé du pays, a décidé de venir en aide aux populations affectées.

Un élan de solidarité qui n’est peut-être pas dénué d’arrière-pensées politiques car Geraldo Alckmin, le gouverneur de l’Etat de Sao Paulo, a des prétentions présidentielles pour 2018. Il a cédé pour trois mois quatre pompes flottantes à deux États du Nord-Est, le Paraiba et le Pernambouc.

Le Nordeste, une région pauvre au Brésil, aiguise aujourd’hui les appétits politiques. Elle est à l’origine de vastes mouvements d’émigration au XXe siècle vers les grandes villes du Sud, comme Sao Paulo, notamment en raison des conditions climatiques, déjà. C’était l’un des fiefs du Parti des travailleurs de Lula et de Dilma Rousseff dont les populations pauvres ont bénéficié de leurs politiques sociales.

Avec la destitution de Dilma Rousseff, et les affaires de corruption qui ont terni la réputation du PT, le Nordeste et ses millions de voix sont en train de devenir une terre de conquête politique.

L’opération séduction du président Temer

La région a même reçu tout récemment la visite du président Michel Temer, englué dans un scandale de corruption sans précédent. L’actuel président est en très mauvaise posture, car impliqué dans plusieurs délations de corrompus repentis qui collaborent avec la justice et qui accusent Michel Temer d’avoir notamment fait bénéficier son parti de plus de 3 millions d’euros de pots-de-vins.

La sécheresse dans le Nordeste s’est ainsi invitée sur la scène politique. Michel Temer a accordé des aides financières pour améliorer l’accès à l’eau, s’est rendu sur place à plusieurs reprises ces dernières semaines, et a même déclaré vouloir être le plus grand président nordestin du Brésil, alors qu’il est né dans la région de Sao Paulo.