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Israel / Etats-Unis

Nucléaire iranien: Netanyahu sapera-t-il le travail d’Obama?

C’est ce mardi que se joue le dernier acte du psychodrame qui a assombri les relations entre les Etats-Unis et Israël, depuis que Benjamin Netanyahu a accepté, sans en prévenir à l’avance la Maison Blanche, une invitation à s’adresser au Congrès pour exprimer son opposition à un accord sur le nucléaire iranien.

Benjamin Netanyahu, devant le congrès de l'Aipac, le principal lobby pro-israélien américain, le 2 mars 2015.
Benjamin Netanyahu, devant le congrès de l'Aipac, le principal lobby pro-israélien américain, le 2 mars 2015. REUTERS/Jonathan
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Chacun s’est efforcé d’abaisser la température, qui avait atteint un degré d’ébullition rarement avoisiné dans les relations entre les deux pays. Benjamin Netanyahu n’a cessé, lundi 2 mars devant l’Aipac, le lobby pro-israélien, de souligner la force de l’alliance, sa gratitude à l’égard du soutien des Etats-Unis, et même son respect pour Barack Obama, a constaté notre correspondant à Washington Jean-Louis Pourtet. Loin d’une rupture, il a parlé d’une querelle de famille temporaire, mais il a aussi insisté sur le thème qu’il va développer aujourd’hui au Congrès, à savoir son opposition farouche à un accord nucléaire avec l’Iran qui représente à ses yeux une menace existentielle pour son pays.

La stratégie d’Obama est de minimiser l’impact de ce que va dire le Premier ministre israélien. Dans une interview à l’agence Reuters, Obama a déclaré que Netanyahu s’était déjà trompé dans le passé, que ses craintes n’étaient pas justifiées, et qu’un accord, s’il pouvait être conclu, loin de mettre en danger la sécurité de l’Etat hébreu, la renforcerait.

 → A (RE)LIRE : Obama-Netanyahu: chronique d'un désamour qui dure

« Bibi » recevra probablement un accueil chaleureux au Congrès, où ses groupies ne manquent pas. Le soutien à Israël a toujours été bipartisan. Même si une trentaine d’élus démocrates vont boycotter le discours, les républicains feront la claque. Netanyahu doit toutefois être diplomate, plaider sa cause, mais sans offenser l’administration Obama. L’erreur à éviter, c'est de donner, comme on lui en prête l’intention, trop de détails sur les négociations en cours, ce qui rendrait plus difficile la conclusion d’un accord.

« En Israël, le débat n’est pas sur la nécessité de faire passer un message d’urgence aux Américains face à l’accord qui se dessine avec l’Iran, assure Daniel Shek, ancien ambassadeur d'Israël en France, aujourd'hui actif dans la campagne du centre gauche en vue des élections législatives du 17 mars en Israël. La question est de savoir s'il aurait dû ou non le faire en forme de spectacle devant le Congrès réuni avec les « standing ovation », et surtout avec la retransmission en direct vers son public électoral en Israël. Il aurait pu très bien aller rencontrer les responsables du Congrès, d’un côté comme de l’autre, c’est-à-dire démocrate et républicain. Et s’il n’avait pas endommagé sa relation de confiance avec le président Obama, il aurait pu même aller le voir et essayer de convaincre celui qui en définitive, va être le décideur sur cette question parce que ce n’est pas au Congrès que va se décider le sort d’un éventuel accord entre la communauté internationale et l’Iran. »

Tensions

Je dois reconnaître pour leur défense que [les Iraniens] ont été des négociateurs sérieux.

00:57

Barack Obama

RFI

Benjamin Netanyahu, qui se dit en « mission historique » a été invité à Washington par le président républicain de la Chambre des représentants, ce qui a largement agacé Barack Obama qui n’a pas souhaité recevoir le Premier ministre israélien, l'accusant au passage d’être en quelque sorte de mauvaise foi lorsqu’il a suspecté les Etats-Unis par le passé, et encore aujourd’hui, de vouloir passer un mauvais accord avec l’Iran.

Pour le politologue américain Simon Serfaty, « c’est une crise véritablement sans précédent parce qu’au fond, le Premier ministre est ici à Washington pour dire au Congrès de faire obstacle à l’accord que le président des Etats-Unis et son secrétaire d’Etat sont sur le point de conclure en ce moment même. Et c’est véritablement un caractère très nouveau que cette querelle non seulement entre deux hommes, mais entre deux Etats, sur un dossier exceptionnellement important. L'auteur de Un monde nouveau en manque d'Amérique, (Editions Odile Jacob)ajoute que c’est d’autant plus dangereux qu'Obama, de toute évidence, restera au pouvoir à la Maison Blanche pour les deux années qui viennent. Et au cas où Bibi serait réélu le 17 mars prochain, de telle sorte qu’il puisse former un nouveau gouvernement, les deux hommes devront vivre ensemble dans leurs querelles après qu’un accord éventuel ne soit annoncé vers la fin de ce mois.

« Super-héros » pour certains, « hystérique et pyromane » pour d'autres

Benjamin Netanyahu est décrit par ses supporters comme un « super-héros » en mission pour sauver son pays et le monde entier de la menace nucléaire iranienne, commente notre correspondante à Jérusalem Muriel Paradon. C’est son cheval de bataille depuis dix ans et ce discours historique au Congrès américain est l’aboutissement de cette démarche. Mais pour ses détracteurs, et ils sont nombreux en Israël, Benjamin Netanyahu est vu comme un « hystérique », un « pyromane » - ce sont les mots employés ce mardi 3 mars par le journal Ynetnews. Netanyahu, en allant au Congrès américain contre l’avis d’Obama, met à mal la relation si cruciale entre Israël et les Etats-Unis.

A quinze jours des élections législatives en Israël, pour le Premier ministre israélien, l’important c’est d’être au devant de la scène. On ne parle que de son discours, qui aura complètement occulté les autres sujets de la campagne. En se focalisant, Netanyahu oublie les sujets qui fâchent : ses dépenses somptuaires aux frais de l’Etat, son bilan désastreux au niveau socio-économique. Or les Israéliens sont très préoccupés par le coût de la vie, et notamment du logement.

Ses opposants politiques lui reprochent donc d’avoir centré cette campagne sur le sujet du nucléaire iranien, qui n’apparaît pas comme la principale préoccupation des Israéliens aujourd’hui. Pour l’instant, les sondages donnent la droite de Netanyahu en tête, mais au coude à coude avec le centre-gauche. Mais les sondages ne sont pas toujours fiables, les élections réservent toujours des surprises et il y a encore beaucoup d’indécis.

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