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Tunisie

Le dirigeant islamiste Rached Ghannouchi élu président du Parlement tunisien

Rached Ghannouchi, le chef historique du mouvement islamiste Ennahdha, a été élu ce mercredi 13 novembre président du Parlement tunisien grâce à un accord avec le parti de l'homme d'affaires controversé Nabil Karoui.

Rached Ghannouchi, chef historique du parti d'inspiration islamiste Ennahdha arrivé en tête des législatives d'octobre en Tunisie, a été élu mercredi 13 novembre président du Parlement.
Rached Ghannouchi, chef historique du parti d'inspiration islamiste Ennahdha arrivé en tête des législatives d'octobre en Tunisie, a été élu mercredi 13 novembre président du Parlement. Reuters
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Qalb Tounes a créé la surprise en votant pour le mouvement Ennahdha au sein de l'Assemblée tunisienne. Jusque-là, le parti libéral, arrivé deuxième aux élections législatives avec 38 sièges, avait toujours refusé une alliance avec Ennahdha. Après les élections, le leader de Qalb Tounes, Nabil Karoui, rejetait encore toute idée d’alliance arguant que : « Tout parti qui a choisi de s’allier à Ennahdha a fini par disparaître. » De son côté, le parti islamiste refusait de s'allier à un homme accusé de corruption. Mais le pragmatisme l'a finalement emporté sur les principes des deux côtés.

Ennahdha s'est également allié, comme attendu, à la coalition Karama arrivée troisième aux élections législatives d'octobre. Grâce à ces ententes, Ennahdha a pu récolter une majorité de 123 voix sur les 217 que compte l'Assemblée des représentants du peuple. Le chef du parti islamiste Rached Ghannouchi accède ainsi au perchoir pour un mandat de cinq ans.

Des tractations depuis le soir des législatives

Dès le soir des législatives, Ennahdha, arrivé en tête du scrutin avec 52 députés, s’était lancé dans d’âpres négociations. Non pour permettre à Rached Ghannouchi de présider l’Assemblée, mais bien pour le porter à la Kasbah comme Premier ministre.

Sa personnalité clivante n’a pas permis aux tractations d’aboutir et le perchoir est devenu le nouvel objectif. Là encore, difficile de convaincre les députés dont les trois quarts siègent pour la première fois au Bardo et dont bon nombre n’ont même jamais exercé de responsabilités publiques, de prendre le risque de s’engager aux côtés du parti d’inspiration islamiste.

Ce scénario rappelle celui de 2014, lorsque le parti Nidaa Tounes remportait les législatives en se posant en rempart contre Ennahdha, avant de conclure une grande alliance une fois l’élection passée. Aujourd’hui, Nidaa ne compte plus que trois députés. L’alliance actuelle pourrait laisser présager d’un rapprochement en vue de former le gouvernement dont le Premier ministre doit être annoncé par Ennahdha d’ici vendredi soir.


♦ Ghannouchi, une figure de la politique tunisienne

Issu d’une famille modeste de paysans, près de Gabes, Rached Ghannouchi a étudié la théologie et la philosophie. Cet enseignant admire la figure de l’Égyptien Gamal Abdel Nasser. En 1981, Rached Ghannouchi fonde le « Mouvement de la tendance islamique », qui deviendra ensuite « Ennahdha ». Rached Ghannouchi est un farouche opposant au président Habib Bourguiba. Il prône parfois le recours à la violence.

Peu après la présidentielle de 89, remportée haut la main par Zine el-Abidine Ben Ali, Ghannouchi quitte clandestinement le pays, car le nouveau régime réprime les « islamistes », 30 000 sympathisants sont alors emprisonnés. Condamné aux travaux à la perpétuité pour avoir fomenté un attentat, Ghannouchi demande l’asile politique au Royaume-Uni. Son exil à Londres va durer 22 ans.

Le 30 janvier 2011, deux semaines après le départ de Ben Ali, Rached Ghannouchi rentre en Tunisie. Il profite de la Révolution pour donner une nouvelle impulsion au mouvement islamiste, tout juste sorti de la clandestinité. Pari réussi : Ennahdha remporte les législatives de 2011, et s’implique désormais dans les affaires du pays.

Cheveux blancs, petite barbe grise, le « Cheikh », a fini par adoucir son discours : il se définit comme « un démocrate musulman » et son parti, s'est depuis 2016, mué en mouvement civil, qui se consacre uniquement à la politique. Ces derniers mois, Rached Ghannouchi a défendu l’idée d’un islam tolérant, tout en exprimant des valeurs conservatrices notamment sur le statut de la famille.

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