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Afrique du Sud / Nigeria

La xénophobie au centre de la visite du président nigérian en Afrique du Sud

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, reçoit pour trois jours son homologue nigérian, Muhammadu Buhari. Une visite d'État principalement consacrée aux échanges commerciaux entre les deux poids lourds du continent, même si les violences xénophobes du mois dernier en Afrique du Sud ont été au cœur des échanges ce jeudi matin.

Le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, avec son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, à Pretoria, le 3 octobre 2019.
Le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, avec son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, à Pretoria, le 3 octobre 2019. REUTERS/Siphiwe Sibeko
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Lors d’une conférence de presse conjointe ce jeudi matin, les deux présidents ont réitéré leur détermination à développer les échanges commerciaux ainsi que les investissements entre les pays. Mais également à lutter contre les violences xénophobes.

« Au cours de nos discussions et à travers divers engagements de haut niveau, nous avons eu l'occasion de réfléchir à la violence publique qui a eu lieu en Afrique du Sud il y a quelques semaines », a écrit le président Ramaphosa sur Twitter. 

Lors de son discours, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a exprimé ses vifs regrets pour la violence qui a visé des étrangers dans son pays. « Nous condamnons toutes les formes d'intolérance et n'hésiterons pas à agir contre toute forme de violences », a ajouté le chef de l’État sud-africain.

Condamnation également du président nigérian. Muhammadu Buhari a exigé que des mesures soient prises : « Nous appelons au renforcement et à l'application des mesures de sécurité nécessaires pour éviter que ce genre d’incident ne se répète. Des incidents qui sapent non seulement les relations bilatérales qui sont solides, mais également ce que nous défendons : forte et prospère. »

Une Afrique forte et prospère, le ton est donné pour cette visite. Cette dernière vague d’attaques xénophobes a provoqué de vives tensions entre Pretoria et Abuja et pèse sur les relations entre les deux principales économiques du continent. Deux pays qui sont déjà en compétition pour être la première puissance économique du continent.

Échanges en baisse

Les accords économiques figuraient d'ailleurs également à l'agenda de la visite. Le président nigérian s’inquiète du protectionnisme sud-africain. « Nous avons fait part au gouvernement sud-africain de la nécessité de lever ses barrières commerciales pour faciliter l’entrée des entreprises et homme d’affaires nigérians sur le marché. »

« Nos liens économiques continuent de se développer, a assuré sur Twitter le président sud-africain.Le Nigeria représente 64% du commerce total de l’Afrique du Sud avec la région de l’Afrique de l’Ouest et est l’un de nos principaux partenaires commerciaux sur le continent ».

Le Nigeria représente 17% du Produit intérieur brut de l’Afrique, 16% pour l’Afrique du Sud. Les échanges entre eux deux pays sont importants. L’Afrique du Sud exporte principalement des produits chimiques, des pièces automobiles, du plastique vers le Nigeria et importe du pétrole. Mais ces échanges sont en baisse depuis quelques années.

Ces incidents xénophobes pèsent sur ces échanges, y compris commerciaux. Lors des dernières violences en septembre, plusieurs centaines de commerces détenus pas des étrangers ont été pillés à Johannesburg et Pretoria. Près d’un millier de Nigérians ont quitté l’Afrique du Sud. Et au Nigeria, plusieurs grandes enseignes sud-africaines, comme le géant des télécoms MTN ou le distributeur Shoprite, ont été prises pour cible en représailles. À plusieurs reprises Abuja a demandé des compensations pour dédommager ses citoyens en Afrique du Sud, ce qui a toujours était refusé par Pretoria.

90% des commerçants nigérians qui ont été attaqués, n’ont pas pu récupérer leur business. Pour certains, leurs commerces ont été détruits, d’autres pillés, certains ont même été blessés et sont toujours en convalescence.Le gouvernement sud-africain a été très clair, il ne va pas nous indemniser compenser, c’est à nous d'avoir une assurance. Donc nous espérons que ce sujet va être abordé durant cette visite. En tout cas, le gouvernement nigérian va pousser pour qu’il y ait compensation. Si aucune solution diplomatique n’est trouvée, nous verrons si nous devons porter l’affaire en justice.

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Adetola Olubajo

Alexandra Brangeon

Dans ce contexte, il est important de rappeler aussi que l’Afrique du Sud et plus récemment le Nigeria ont signé l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine qui a pour but de doper le commerce entre les pays du continent. Cet accord est censé entrer en vigueur dans moins d’un an. L’Afrique du Sud ne peut pas espérer développer ses échanges commerciaux si elle ne met pas fin à ses attaques xénophobes sur son propre territoire.

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