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Tunisie / Présidentielle 2019

Présidentielle en Tunisie: fin de campagne, Karoui reste en prison

Le premier tour de l'élection présidentielle est prévu ce dimanche. Les 26 candidats font leurs derniers meetings ce vendredi 13 septembre. L'un des favoris de cette élection Nabil Karoui restera lui en prison. La Cour de cassation tunisienne s'est déclarée incompétente et a donc refusé un recours permettant au sulfureux homme d'affaires d'être libéré. Cette présidentielle est scrutée de près hors des frontières, pour savoir où en est la démocratie tunisienne, pionnière et unique rescapée de la vague des printemps arabes de 2011.

Des électrices tunisiennes devant des affichages pour la campagne présidentielle, Tunis, le 9 septembre 2019.
Des électrices tunisiennes devant des affichages pour la campagne présidentielle, Tunis, le 9 septembre 2019. FETHI BELAID / AFP
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Devant les marches de la Cour de cassation, un bâtiment blanc de quatre étages, ce vendredi aucun soutien, aucune banderole pour Nabil Karoui. Contrairement à l’audience du 5 septembre où plusieurs dizaines de ses soutiens avaient fait le déplacement pour suivre le rejet par la cour d’appel de sa demande de libération.

L’homme d’affaires soupçonné de blanchiment d’argent et fraudes fiscales restera donc derrière les barreaux de sa cellule de la Mornaguia, proche de Tunis. Les magistrats ont estimé qu’il n’y avait pas eu vice de forme lorsqu'en juillet, il avait été laissé libre avec interdiction de quitter le territoire.

Impasse judiciaire si Karoui se qualifie pour le second tour

D'après ses avocats, il devait en tant que candidat être autorisé à voyager pour faire campagne auprès des citoyens tunisiens résidant à l’étranger. Emprisonné depuis le 23 août, cet homme de 56 ans, magnat des médias, demande désormais, sous la pression d’une grève de la faim, selon son équipe de campagne, à pouvoir voter dimanche. Le patron de la chaîne Nesma TV jouit d’une forte popularité. Il cible surtout les classes populaires de l’intérieur du pays qui sont rongées par la pauvreté.

Si Nabil Karoui était qualifié pour le second tour ou même s’il emportait Carthage, la justice pourrait être dans une impasse inédite. Car l’affaire n’a pas été jugée et l’immunité présidentielle n’est pas rétroactive. 
Le dossier doit désormais être renvoyé devant un juge d’instruction.


La nouveauté des débats télévisés

Cette campagne présidentielle version 2019 a été très courte en Tunisie : dix jours à peine. Son principal point fort : les trois débats télévisés retransmis en début de semaine sur plusieurs chaînes locales et sur les réseaux sociaux. Ce qui a permis aux Tunisiens d’écouter chaque candidat, de voir comment ils défendent leurs idées.

Cela a surtout permis de mettre en avant des candidats qui ne font pas partie des favoris. C’est le cas par exemple de l’avocate Abir Moussi qui semble avoir convaincu les internautes sur les questions de sécurité. Prestation remarquée également pour le libéral Mohsen Marzouk, qui promet de restaurer la diplomatie tunisienne à travers un haut conseil composé d’intellectuels et d’hommes d’affaires.

Entre exaltation et indifférence

Au bout du compte, cette campagne présidentielle condensée aura été différemment suivie. D’un côté, les Tunisiens qui se sont passionnés pour les débats télévisés entre les candidats en début de semaine et qui sont capables de citer les programmes de deux, trois voire quatre personnalités. Ce sont des personnes qui hésitent jusqu’à la dernière minute entre plusieurs candidats et cela alimente d’ailleurs le suspense de ce premier tour.

De l'autre côté de l'électorat, un grand nombre de Tunisiens expriment une certaine indifférence. Eux estiment que les candidats ne répondent pas à leur souci du quotidien.

L'économie fut pourtant le coeur des débats, davantage que la question de la sécurité par exemple, restée marginale.

Il faut dire que les indicateurs sont au rouge, avec notamment un taux de chômage frôlant les 15%, une inflation à 7%. À cela s’ajoutent, une augmentation ces derniers mois, des prix du gaz et de l’électricité. Dans un tel contexte, le pouvoir d’achat s’amenuise à mesure que les salaires stagnent. Les récentes grèves initiées par les médecins des hôpitaux publics de Sousse, qui dénoncent notamment les faibles revenus, attestent de la préoccupation majeure de la population.

« La situation s’est dégradée depuis 2011 et on assiste à un exode des jeunes médecins vers l’étranger », déplore un syndicaliste.

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