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Cameroun

Cameroun: Maurice Kamto et 89 coaccusés devant la justice militaire

Le procès de Maurice Kamto, le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), s’ouvre ce vendredi 6 septembre. Principal opposant de l'inamovible président Paul Biya, arrivé second à la dernière présidentielle, l'ancien ministre délégué de la Justice avait été arrêté lors des marches de contestations du régime organisées fin janvier.

Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, lors d'un meeting à Yaoundé, le 30 septembre 2018.
Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, lors d'un meeting à Yaoundé, le 30 septembre 2018. MARCO LONGARI / AFP
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Le tribunal militaire de Yaoundé ne connaît pas de répit. Après le procès du leader sécessionniste Julius Sisiku Ayuk Tabe, condamné à la prison à vie, le 20 août dernier, c'est au tour de Maurice Kamto de faire face à cette même juridiction militaire avec 89 coaccusés. Parmi eux : Christian Penda Ekoka, ex-conseiller économique du président Paul Biya, Michelle Ndoki, avocate et cadre du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Ou encore, le célèbre rappeur Valséro, connu pour ses textes critiques à l'égard du régime.

Cette marche du 26 janvier, Michelle n'y était pas. (...) Elle n'a jamais appelé à l'insurrection, elle ne s'est jamais alliée à une puissance étrangère pour déstabiliser le Cameroun...

00:56

Me Felicité Zeifman, secrétaire générale du Réseau international des femmes avocates

Carine Frenk

Quasiment tous détenus à la prison principale de Yaoundé, ils comparaissent pour « insurrection », « rébellion », « hostilité envers la patrie », « attroupement à caractère politique », « détérioration et destruction de biens publics » et « outrage au chef de l'État ». Des motifs d'inculpation pour lesquels ils encourent de très lourdes peines.

Un procès « politique »

Il y a cinq mois, les avocats avaient contesté la compétence du tribunal militaire pour juger des civils, mais la cour d'appel a finalement tranché la semaine dernière, estimant la requête irrecevable. Les avocats – une cinquantaine se sont constitués – ont donc saisi la Cour de cassation.

En attendant, les inculpés s'estiment victimes d'un procès « politique ». Ils accusent les autorités de vouloir « décapiter » le MRC et toute forme d'opposition au Cameroun, quand Yaoundé jure qu'il s'agit d'une affaire de droit commun.

Le pouvoir explique que le MRC a choisi la provocation, la déstabilisation des institutions, l'insurrection et le chaos comme modes de combat politique, et que force restera à la loi.

Pour les avocats de la défense, ce procès n'est qu'« un simulacre ». « Les règles de procédures, les droits les plus essentiels des accusés sont bafoués », affirmait jeudi Me Emmanuel Simh qui promet que ce procès sera plutôt celui « du régime de M. Biya et de ses amis ».

Je l'ai vu, je lui ai parlé, il est sûr de son innocence. Il est combattif, il est prêt à défendre son honneur bafoué, à défendre sa liberté confisquée, il se battra jusqu'au bout.

00:54

Emmanuel Simh, un des avocats de la défense

Carine Frenk

De son côté, la communauté internationale exerce une forte pression. Plusieurs ONG – Human Rights Watch et Amnesty International entre autres – dénoncent un procès politique. Les grandes capitales occidentales sont sorties de leur traditionnelle réserve : les États-Unis ont déclaré qu'il serait « sage de libérer » l'opposant. L'Union européenne a évoqué une « procédure disproportionnée ». Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, déclarait il y a quelques jours à la presse : « On connaît le parcours et les qualités de M. Kamto. Nous faisons fortement pression sur le président Biya pour qu’il puisse élargir ces prisonniers. »

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