Accéder au contenu principal
Afrique

Ce que signifient les noms des pays d’Afrique [2/4: de E à L]

Derrière les noms des 54 États africains se cachent bien des histoires et autant de langues, coloniales ou pas. De l’Algérie au Zimbabwe, voici l’Afrique de A à Z, une série en quatre épisodes. Dans ce deuxième volet, de l'Égypte à la Libye.

Publicité

Égypte

Plusieurs strates d’histoires se cachent derrière le nom du pays où est née l’une des plus anciennes civilisations de l’Antiquité. Le nom latin Aegyptus vient du grec ancien Aígyptos, qui dériverait de deux sources. L’une serait grecque, Aigaíou hyptíos signifiant « la terre en dessous de la mer Égée ». L’autre remonterait à Babylone, lorsque les habitants de l’ancienne Mésopotamie appelaient la ville de Memphis, au sud de l’actuel Caire, Hwit ku Pitah ou Hetkaptah, « le temple de Dieu ». En arabe, l’Égypte se dit Misr (« cité, forteresse ») et en hébreu Mistraim, le nom de l’un des enfants de Cham. Elle est surnommée Misr um al-dunya, « Égypte mère du monde » par les Égyptiens.

Érythrée

Du grec, encore. L’un des derniers pays d’Afrique à avoir accédé à l’indépendance, après la colonisation italienne (1869-1941) puis une guerre contre l’Éthiopie (1962-1993), tire son nom du grec ancien Erythraia, « rouge ». Ce qui a donné en latin Mare Erythraeum, « mer Érythrée » ou « mer Rouge ». Puis Ertra en tigrigna, l’une des langues nationales.

Éthiopie

Et du grec, toujours, avec le mot Aithiops, « visage brûlé »… Ce que des sources éthiopiennes contestent, en mettant en évidence une étymologie plus locale avec Ityopp’is. Fils de Koush et petit-fils de Cham, il n’est autre que le fondateur de la ville d’Aksoum, qui a donné son nom au puissant Empire aksoumite, au IVe siècle avant Jésus-Christ.

Eswatini (Swaziland)

« Bâton de commandement », en zoulou, voilà un nom qui va comme un gant à la seule monarchie absolue d’Afrique. L’ancien Ngwane est ainsi nommé depuis le règne de Mswati II (1840-68). Son actuel roi, Mswati III, a imposé en 2018 une seule appellation internationale, qui s’écrit eSwatini dans la langue locale, le swati, pour se débarrasser du mot hybride de Swaziland, vestige de la colonisation.

Gabon

Le mot viendrait du portugais Gabão, « caban » ou manteau à capuchon, inspiré aux premiers Portugais à arriver sur cette terre par la forme de l’estuaire de la rivière Komo.

Gambie

Le fleuve Gambie, qui a donné son nom à cette petite enclave anglophone en territoire sénégalais, tire sa source étymologique de cambio (« échange », « marché », en portugais et en italien). Le navigateur vénitien Cadamosto ne croyait pas si bien dire en 1455, onze ans après la première vente publique d’Africains à Lisbonne. Ce sont des côtes sénégambiennes que la traite transatlantique est en effet partie, tournant à plein régime dans les années 1680, lorsque la France établit un comptoir à Albreda, sur la rive nord du fleuve.

Ghana

Le terme viendrait de nwana, « héros » ou « roi guerrier » en soninké. Dénommé « Côte de l’Or » (Gold Coast) sous la colonie britannique, le pays, à l’indépendance, se choisit le nom de l’ancien Empire du Ghana (VIe-XIIIe siècles), même si son territoire n’en fait partie. La suggestion est faite par l’historien Joseph Kwame Danquah, selon lequel les peuples de l’actuel Ghana descendent de cet ancien royaume ouest-africain, situé entre les actuels Mali et Mauritanie.

Guinée

Un atlas catalan de 1320 appelle « Guinuia » les peuples de Djenné, au Mali, sur le fleuve Niger. Le mot vient du « pays des Noirs » en berbère, ou Akal-n-Iguinaouen… La Guinée désigne pour les marchands maures et les Européens du XVe siècle un territoire bien plus vaste que l’actuelle Guinée-Conakry. En témoigne la Guinée-Bissau, qui doit son nom à sa capitale Bissau, un comptoir fortifié fondé en 1687 par les navigateurs portugais, mais aussi la Guinée équatoriale, un pays du golfe de Guinée proche de l’Équateur. Autre explication invoquée à Conakry : en soussou, le mot « djine », « femme », aurait servi de réponse maladroite aux habitantes interrogées par les premiers navigateurs portugais. À la question de savoir où ils se trouvaient, posée en portugais, elles auraient répondu qui elles étaient, en soussou.

Kenya

« Montagne blanche » ou « brillante », la nuance dépend du mot utilisé, Kiinyaa en langue akamba ou Kirinyaga en kikuyu. Tout le pays doit son nom au mont Kenya, second plus haut sommet d’Afrique après le Kilimandjaro. C’est aussi la montagne qui inspire son nom au père de l’indépendance Jomo Kenyatta. C’est sous ce pseudonyme que Kamau wa Ngengi, alors anthropologue, signe en 1938 une thèse sur le peuple kikuyu intitulée Au pied du mont Kenya.

Liberia

Premier État indépendant d’Afrique, en 1847, le Liberia vient du latin liber (« libre »). Il a été fondé en 1822 par la National Colonization Society of America comme terre de retour pour les esclaves noirs affranchis aux États-Unis. Ce nom ne tient pas ses promesses. Une longue histoire de domination de l’élite américano-libérienne sur les « autochtones » se solde en 1980 par un coup d’État mené par un autochtone, Samuel Doe, puis le début en 1989 de l’une des plus atroces guerres civiles qu’ait connu l’Afrique, menée entre autres par des chefs de guerre dénommés Prince Johnson et Charles Taylor.

Libye

Les Libous, peuples berbères, inspirent aux Grecs anciens le nom de Libye à un vaste territoire qui comprend toute l’Afrique du Nord-Ouest, des régions ouest de l’Égypte jusqu’à l’océan Atlantique. Dans l’Antiquité, ce qui correspond à l’actuelle Libye s’appelait aussi Marmarica (Libye inférieure) et Cyrénaïque (Libye supérieure).

► À lire aussi :

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.