La CIJ demande au Royaume-Uni de mettre fin à son administration des Chagos
La Cour internationale de justice a estimé, lundi 25 février, que la Grande-Bretagne avait illégalement détaché les Chagos du territoire de Maurice. Selon les juges, « au regard du droit international, le processus de décolonisation de Maurice n’a pas été validement mené à bien lorsque ce pays a accédé à son indépendance en 1968 ». Une victoire diplomatique pour l’île et un camouflet historique pour Londres, même s’il ne s’agit que d’un avis consultatif.
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L’avis de la Cour internationale de justice(CIJ), suivi en direct lundi sur toutes les chaînes de Maurice, a dépassé les attentes. La plus haute juridiction des Nations unies est en effet venue dire que la séparation des Chagos du territoire de l'île par les Britanniques en 1965 était « un acte illégitime qui dure ».
MULTIMÉDIA: photos et vidéos de la lecture de l’avis consultatif de la #CIJ sur les Effets juridiques de la séparation de l’archipel des #Chagos de Maurice en 1965 disponibles ici https://t.co/LGI2s7p5fM pic.twitter.com/OIphYsLKZ5
CIJ_ICJ (@CIJ_ICJ) 25 février 2019
En conséquence, et par treize voix contre une, les juges estiment que le Royaume-Uni « est tenu dans les plus brefs délais de mettre fin à son administration de l’archipel des Chagos », situé dans l'océan Indien. Un avis qui n'est pas contraignant mais qui revêt un caractère hautement symbolique et constitue un coup dur diplomatique pour le Royaume-Uni.
Trois ans avant son indépendance, Maurice avait accepté de laisser les Chagos sous administration britannique au prix de 4 millions de livres. Mais la CIJ estime que le gouvernement mauricien était toujours sous administration britannique et n'a donc pu se prononcer librement.
Explosion de joie des Chagossiens
Chez les Chagossiens expulsés de ce territoire de 1967 à 1973 pour faire place à la base américaine de Diego Garcia, cette décision a entraîné une explosion de joie. « Nous irons aux Chagos et personne ne peut nous en empêcher. Et ce que nous avons fait aujourd’hui est si important qu’ils devront respecter la décision, car tout le monde est contre eux », a exulté Olivier Bancoult, président du groupe de réfugiés des Chagos.
Au cours des débats, le Royaume-Uni avait reconnu que les méthodes d'expulsion utilisées à l'époque étaient « honteuses » et « injustes », mais en 2016 Theresa May avait néanmoins reconduit pour vingt ans le bail consenti aux Etats-Unis pour leur base militaire de Diego Garcia, refusant le retour des Chagossiens.
Le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, a appelé pour sa part Londres à rouvrir les négociations et réitéré qu’il ne réclamait pas le départ des Américains. L’ex-Premier ministre, Sir Anerood Jugnauth, seul survivant des négociations de 1965 à Londres et qui a osé affronter, à 87 ans, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis à la Cour internationale de justice, souhaite maintenant voir « la décolonisation complète de Maurice ».
Tout en saluant la victoire, l'ambassadeur de Maurice aux Nations unies a néanmoins temporisé. « Nous avons d’excellentes relations avec le Royaume-Uni et nous avons aussi le même type de relations avec les Etats-Unis, et tout au long de cette procédure, nous avons été clairs que ce n’était pas un sujet d’hostilités entre nos pays, que c’est entre deux pays amis et, de ce fait, nous espérons que nous serons capables de travailler ensemble », a souligné Jagdish Koonjul.
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