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Togo

Togo: une femme du sérail au perchoir

Pour la première fois depuis l’indépendance du pays, le Parlement de Lomé vient de nommer cette semaine à sa tête une femme. Très proche du clan Gnassingbé, l’heureuse élue Chantal Yawa Djigbodi Tségan, a promis d’œuvrer à la réélection du président Faure Gnassingbé en 2020, alors que l’opposition réclame à cor et cri que le mandat présidentiel soit limité à deux quinquennats.

Assemblée nationale du Togo, à Lome
Assemblée nationale du Togo, à Lome Pius Utomi Ekpei/AFP
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Le Parlement issu des législatives du 20 décembre 2018 qui ont été boycottées par l’opposition, vient de nommer à sa tête Chantal Yawa Tségan. Celle-ci a été élue avec 88 voix sur 91. Première femme à occuper ce poste, Mme Tségan devient le deuxième personnage de l’Etat selon l’ordre protocolaire, juste derrière le président Faure Gnassingbé.

« Je suis heureuse de ce choix porté sur ma modeste personne. (…) C’est avec responsabilité que nous prenons cette fonction, face aux différents enjeux qui nous attendent », a déclaré la nouvelle patronne de l’Assemblée nationale togolaise, en s’installant au perchoir où elle succède à Dama Dramani, issu, lui aussi, de la majorité présidentielle (UNIR). D’ailleurs, l’un des premiers actes de la présidente a été d’ordonner une ovation debout de tous les députés en faveur du chef de l'Etat, Faure Gnassingbé.

Chantal Yawa Tségan n’est pas une nouvelle venue dans la vie politique togolaise. Elle a occupé le poste de premier questeur dans le bureau sortant de l’Assemblée nationale. Mais c’est en tant qu’inspectrice nationale des impôts, qu'elle a effectué la principale partie de sa carrière à la direction générale des impôts, avant d’être nommée directrice de cabinet du ministre des Transports.

Depuis 2013, elle siège à l’Assemblée nationale en tant que députée de la circonscription de Kloto-Kpélé. Une des figures du parti présidentiel, elle a su se faire apprécier au-delà de sa formation, comme en témoigne son élection au perchoir avec les voix des députés de son parti, mais aussi de l’Union des Forces du changement (UFC) de Gilchrist Olympio, allié du pouvoir, et de députés indépendants.

La dynastie Gnassingbé

Au Togo, les femmes politiques s'y sont signalées à l’attention notamment par leur engagement aux côtés de l’opposition. En 2012 et 2017, elles avaient manifesté nues dans les rues de Lomé et autres grandes villes du pays pour protester contre l’amendement à la Constitution qui permet au président de la République de rester au pouvoir ad vitam aeternam. Parmi les femmes qui se sont courageusement opposées au régime togolais figurent la militante politique et bloggeuse Farida Nabourema ou encore Kafui Adjamagbo-Johnson qui fut elle-même candidate à la présidentielle de 2010.

Chantal Yawa Djigbodi Tségan est, pour sa part, une femme du sérail. Dès son premier discours en tant que présidente de l’Assemblée nationale, elle s’est engagée à orienter les travaux du parlement, désormais placé sous son égide, vers la réélection de Faure Gnassingbé en 2020. Rappelons que la dynastie Gnassingbé dirige le Togo depuis plus d’un demi-siècle. D’une main de fer, disent les livres d’Histoire.

Quand Monrovia et Addis donnent le là

Avec une faible représentation des femmes en politique, le Togo ne joue pas à la table des champions de la représentativité féminine au parlement que sont notamment le Rwanda, la Namibie, l’Afrique du Sud ou encore le Sénégal. Dans le vie politique togolaise, les femmes ont été rarement en première ligne. Elles ont du retard par rapport aux Rwandaises qui représentent 61,3% des effectifs du parlement à Kigali, ou même les Mozambicains (39,6%), les Ethiopiennes (38,8%) ou encore l’Ouganda, le Zimbabwe, la Tunisie, le Cameroun, l’Angola ou même le Soudan qui comptent tous entre 30,5% et 36,4% de parlementaires femmes. L’arrivée d’une Togolaise à la tête de l’Assemblée nationale à Lomé a le potentiel de changer la donne, en suscitant des émulations.

La nomination de Chantal Yawa Tségan s'inscrit dans la montée en puissance des femmes politiques à travers le continent africain. Elles ont gagné en visibilité et en influence avec l’ascension de la présidente libérienne Ellen Sirleaf-Johnson ou celle de Sahle-Work Zewede, nommée récemment à la présidence de la République fédérale d’Ethiopie. Depuis l’entrée en scène d’un Premier ministre réformateur à Addis-Abeba, l’Ethiopie compte aussi deux femmes aux postes stratégiques des ministres de la Défense et de la Paix.

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