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RDC / Union africaine

Elections en RDC: les dessous du communiqué sans précédent de l’Union africaine

C'est un communiqué sans précédent que les chefs d'Etat de l'Union africaine ont publié sur la situation en RDC. Le président de l'UA, Paul Kagame, les présidents des principales organisations sous-régionales se sont réunis, ce jeudi, à Addis-Abeba, en Ethiopie. Ils ont demandé la suspension de la proclamation définitive des résultats, car ils notent, dans leur communiqué, qu'il subsiste des « doutes sérieux sur la conformité des résultats provisoires » donnés par la Commission électorale nationale indépendante. Un ton sans équivoque qui a fortement surpris.

Le président en exercice de l'Union africaine, Paul Kagame, avec le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, lors de la réunion sur la situation en RDC, à Addis-Abeba, le 17 janvier 2019.
Le président en exercice de l'Union africaine, Paul Kagame, avec le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, lors de la réunion sur la situation en RDC, à Addis-Abeba, le 17 janvier 2019. REUTERS/Tiksa Negeri
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Plusieurs facteurs ont conduit à ce rebondissement. Il y avait déjà un indice de la volonté du président de l’Union africaine de reprendre la main puisqu’il avait demandé à la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) de déplacer sa réunion de Windhoek à Addis-Abeba. Paul Kagame souhaitait pouvoir organiser une deuxième réunion élargie aux autres organisations sous-régionales. Une manière comme une autre de passer outre les divisions des pays de l’Afrique australe.

Etaient présents le matin à la réunion de la SADC, les chefs d’Etat de l’Afrique du Sud, de la Namibie, de la Tanzanie, du Zimbabwe, de l'Angola et la Zambie. On savait déjà que l'Angola et la Zambie étaient sans doute les plus virulents contre le Congo. La Zambie notamment avait demandé le recomptage de voix de la présidentielle, mais l'Afrique du Sud, la Tanzanie, entre autres, étaient farouches opposés à toute injonction au gouvernement congolais et à la Cour constitutionnelle. Le résultat, c'est un premier communiqué ce jeudi tout aussi inédit. La SADC se montre extrêmement virulente à l'égard de la communauté internationale qu'elle appelle à respecter la souveraineté de la RDC et les « processus politiques et juridiques nationaux ».

L’influence de Paul Kagame

L'ambiance a changé lors de la seconde réunion, celle convoquée par Paul Kagame. La délégation ministérielle congolaise est priée de quitter la salle pour laisser les chefs d’Etat se réunion à huis clos. Les représentants de la Commission de l'UA, à l’exception du Tchadien Moussa Faki, sont également tenus à l’écart. Les présidents sud-africain, zambien et angolais sont alors rejoints par Denis Sassou-Nguesso du Congo-Brazzaville, le Guinéen Alpha Condé, le Tchadien Idriss Deby, l'Ougandais Yoweri Museveni, l'Ethiopien Abiy Ahmed. A la manœuvre, il y a un axe déterminé à sortir de la salle avec un communiqué fort : Paul Kagame, Joao Lourenço et Denis Sassou-Nguesso, inquiets notamment de voir le verrouillage au niveau des résultats des élections législatives et provinciales par la coalition au pouvoir, mais aussi des « vrais résultats » présentés par la Cenco ou dévoilés dans les médias qui laissaient présager « des antagonismes très forts » dans le pays. Les discussions vont durer cinq heures avant de parvenir à ce communiqué.

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Ecouter Thibaud Kurtz, spécialiste de la SADC, qui revient sur les raisons de cette décision

Sonia Rolley

Pourtant la Commission de l'Union africaine avait préparé un brouillon de communiqué dans le ton de celui de la SADC. Et ce vendredi encore, des diplomates africains se disent très surpris de ce communiqué des chefs d'Etat. Ils parlent d'un « tour de magie », d'une « décision difficile à mettre en œuvre » ou même d'un « précédent qui risque de peser sur tous les processus électoraux à l'avenir ». Des négociations parallèles, directement entre chefs d'Etat, avec des voyages ou des coups de fil d'émissaires africains et des chancelleries occidentales, avaient pourtant préparé le terrain.

Bilan : une délégation de chefs d'Etat devrait venir ce lundi à Kinshasa, parmi lesquels le Rwandais Paul Kagame, même si certains redoutent une réaction très hostile, notamment de l'UDPS de Felix Tshisekedi, le président proclamé, à cette intervention directe du Rwanda. Dans cette délégation, on devrait retrouver également, le Sud-Africain Cyril Ramaphosa qui, dit-on, a accepté de se joindre à ses pairs, même s'il s'était montré encore réticent hier durant les réunions. C'est notamment sur lui que les différentes pressions diplomatiques se sont exercées ces derniers jours.

→ A écouter : Présidentielle en RDC : l’Union africaine sort de sa réserve

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