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Sénégal

Sénégal: bilan et perspectives du 5e Forum paix et sécurité de Dakar

Créée en 2014, le Forum de Dakar est devenu un lieu incontournable de réflexion et de débats sur les questions de sécurité dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest. Les chefs d’Etats et l’Union africaine étaient les grands absents de l’édition 2018.

Les ministres français et sénégalais des Affaires étrangères ont inauguré l'Ecole nationale de cyberdéfense, à Dakar, le 6 novembre 2018.
Les ministres français et sénégalais des Affaires étrangères ont inauguré l'Ecole nationale de cyberdéfense, à Dakar, le 6 novembre 2018. SEYLLOU / AFP
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La 5e édition du Forum de Paix et de Sécurité de Dakar a baissé ses rideaux dans la soirée du 6 novembre, au terme de deux jours de plénières, d’ateliers et de débats. Une clôture en deux temps, d’abord par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian dont l’intervention prévue avait été avancée pour que le ministre puisse rentrer à Paris à temps pour une réunion importante. Une heure plus tard, la clôture des travaux du Forum a été proclamée par le Premier ministre du Sénégal, Mohammed Boun Abdallah Dionne.

Cette désorganisation patente de la cérémonie de fin est d’autant plus surprenante que le Forum de Dakar a habitué les participants à une organisation calibrée au millimètre près, tant sur le plan de la logistique que sur celui des débats. Tout cela plaide pour un Forum davantage axé désormais sur les chercheurs et les acteurs sur le terrain. Une telle évolution était suggérée par le président Macky Sall qui avait déjà laissé entendre dans son allocution d’ouverture que le Forum pourrait désormais se passer des chefs d’Etat et de gouvernements pour se concentrer sur des échanges d’idées et d’expériences. Qui vivra verra !

En attendant, on peut retenir trois choses de cette cinquième édition :

1. Un consensus sur le continuum sécurité et développement

Ce 5e Forum de Dakar s’est tenu dans un contexte difficile pour l’Afrique de l’Ouest, avec la recrudescence des attaques terroristes au Mali et au Burkina Faso ces derniers mois. Au point que certains n’hésitent pas à dire que la guerre faite aux jihadistes d’abord au Mali avec la force Serval dépêchée par la France, puis par Barkhane qui est une opération transfrontalière, n’a rien réglé.

Pour leur part, les chercheurs et les humanitaires appellent de leurs vœux depuis plusieurs années que la sécurisation soit accompagnée d’efforts pour le développement du Sahel, confronté outre le terrorisme, aux défis démographiques, climatiques et de pauvreté. L’idée de doter l’action sécuritaire d’un volet humanitaire, les politiques l’ont désormais fait la leur, comme en témoigne l’affirmation par la ministre française des Armées, Florence Parly, à l’ouverture du Forum : « La sécurité et le développement sont les deux faces d’une même pièce, deux ensembles sur lesquels agir pour les coalitions d’une paix durable. »

Le lancement de l’Alliance Sahel en février dernier par cinq pays européens, en collaboration avec l’Union européenne et des institutions internationales, pour la mise en œuvre de 500 projets pour un montant de 6 milliards d’euros à verser entre 2018 et 2022, s’inscrit dans la logique de ce continuum sécurité et développement qui a été le fil rouge du Forum qui vient de se terminer.

2. L’opérationnalisation du G5 Sahel en question

La question de l’opérationnalisation du G5 Sahel était au cœur des rencontres et des débats qui se sont tenus au Centre international de conférence de Diamniadio, aux abords de Dakar. Dans son discours de clôture, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a réprimandé les journalistes et les observateurs qui s’emploieraient à pointer du doigt l’opérationnalisation poussive de la force conjointe du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad et Burkina Faso). « Mettre sous un commandement unique cinq armées différentes est inédit » et « cela prend du temps », a affirmé le ministre français.

Secrétaire permanent de la force conjointe du G5 Sahel, le Nigérien Maman Sambo Sidikou a, pour sa part, souligné que « l’Otan ne s’est pas constituée en six mois », tout en rappelant que la force conjointe du G5 Sahel a mené six opérations depuis la fin 2017.

Selon les chercheurs, le retard pris dans l’opérationnalisation serait aussi dû au manque cruel de moyens financiers. La ministre, Florence Parly, l’a reconnu, déplorant que les engagements financiers des pays donateurs « se matérialisent très lentement ». S’il est difficile d’avoir une visibilité précise sur les décaissements , les experts sont d’accord pour reconnaître que seulement entre « 10 et 25% » des fonds seraient parvenus aux mains des autorités du G5 Sahel.

L’échéance du 6 décembre 2018 risque d’être une échéance décisive pour cette organisation lorsque ses partenaires bi et multilatéraux se réuniront à la conférence d’investissements prioritaires de la stratégie de développement et de sécurité du G5 Sahel se réuniront à Nouakchott. « C’est à cette occasion que sera fait le bilan du G5 Sahel », a confirmé le secrétaire permanent Sambo Sidikou.

3. L’inauguration de l’Ecole de cybersécurité

Son lancement à Dakar le 6 novembre par les ministres des Affaires étrangères du Sénégal et de la France a sans doute été le principal moment fort de l’édition 2018 du Forum de Dakar. L’annonce de la création de cette nouvelle institution avait été faite lors de la 4e édition par le ministre Jean-Yves Le Drian, qui avait souligné alors la nécessité de « renforcer les capacités des Etats africains à exercer leur souveraineté sur le cyberespace ».

Présentée comme le fruit d’une « coopération exemplaire » entre la France et le Sénégal, cette nouvelle Ecole nationale de cybersécurité à vocation régionale (ENCVR), sise dans les locaux de l’Ecole nationale d’administration de Dakar, aura pour mission de « former et de sensibiliser les agents de l’Etat » du Sénégal et de la région à la « protection du secret, la sécurité des systèmes d’information et de cybersécurité », a déclaré Le Drian.

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