Kenya: immigrés et réfugiés dénoncent les abus de la police
Depuis la fin août, le Kenya mène une lutte sans pitié contre l’immigration clandestine. Le 24 août, le ministre de l’Intérieur a demandé aux autorités, d’arrêter, d’incarcérer et d’expulser tous les travailleurs sans permis valide d’ici la fin du mois de novembre. Plusieurs centaines d’étrangers ont été interpelés, mais les défenseurs des droits de l’Homme s’inquiètent des abus commis par la police. Cette politique crée la peur parmi les expatriés installés au Kenya.
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François Venance Alwende vit depuis plusieurs années au Kenya. Cet entrepreneur congolais originaire du Sud-Kivu ne conteste pas la lutte contre les illégaux. Mais il conteste la méthode. « Quand la police arrête un Congolais, elle a le droit de l'expulser, nous explique t-il, c'est normal. Mais il y a des dérapages: elle arrête n'importe qui, elle demande la carte de vaccination... C'est un moyen de chercher de l'argent auprès des gens. Nous demandons au gouvernement kenyan un moratoire pour que les gens puissent se mettre en règle. »
J'appelle notre ambassade, notre pays à intervenir, que l'on puisse réagir !
Ecoutez le témoignage d'Agathon Angembe, de la République démocratique du Congo: des migrants en situation régulière ont été arrêtés
Amnesty International a pointé les risques de dérapages xénophobes de cette politique.
#Kenya’s crackdown on irregular migrants is mostly affecting refugees and asylum seekers and could spark xenophobia. The government must stop hounding people who have fled war and persecution and instead protect them https://t.co/gYyOqytvzw
Amnesty Kenya (@AmnestyKenya) 3 septembre 2018
Les Sud-Soudanais se sentent particulièrement visés
Certaines communautés se sentent particulièrement visées comme les Sud-Soudanais. Plus de 200 ont été arrêtés le mois dernier.
« La police nous vise, accuse Ayuel Taupiny Malek, président d’une association étudiante. Or nous avons beaucoup de réfugiés ici à cause de l’insécurité au Soudan du Sud. Or ils ne sont même plus en sécurité ici. C’est une question de droit de l’Homme. »
Kuir Mayen Kuir vit au Kenya depuis plus de dix ans. Etudiant en économie, il se comporte désormais avec beaucoup de prudence. « Même quand vous êtes en règle vous pouvez être arrêté. Quand je vais à l’université, j’évite les policiers. On vit dans la peur. Et les forces de l’ordre nous repèrent à cause de notre couleur de peau, qui est reconnaissable, et de notre carrure.»
L’arrestation des Sud-Soudanais a entraîné une crise diplomatique entre Juba et Nairobi. Et le Kenya ne semble vouloir assouplir sa politique. Une ligne téléphonique pour dénoncer les clandestins a même été ouverte.
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