Accéder au contenu principal
Erythrée/Ethiopie

Le président érythréen Issayas Afewerki chaleureusement accueilli en Ethiopie

Le président érythréen, Issayas Afewerki, a entamé, ce samedi 14 juillet, une visite historique en Ethiopie. Cette visite officielle de trois jours vise à marquer la normalisation des relations entre les deux pays qui ont mis fin à près de vingt ans de guerre, il y a quelques jours.

Le président de l'Erythrée (d) Issayas Afewerki a été accueilli à l'aéroport d'Addis-Abeba par le Premier ministre d'Ethiopie, Abiy Ahmed, le 14 juillet 2018.
Le président de l'Erythrée (d) Issayas Afewerki a été accueilli à l'aéroport d'Addis-Abeba par le Premier ministre d'Ethiopie, Abiy Ahmed, le 14 juillet 2018. REUTERS/Tiksa Negeri
Publicité

Garde présidentielle, danses traditionnelles et tapis rouge… Issayas Afewerki, chef de l'Etat érythréen a été accueilli, à l'aéroport, par le Premier ministre éthiopien, Abiy Hamed, l'un des personnages clef du rapprochement entre les deux pays.

Ce fut une arrivée en fanfare et sous les youyous. Sur le tarmac de l’aéroport, se trouvaient des chanteurs et acteurs locaux, des dignitaires religieux ainsi que des danseurs éthiopiens et érythréens. C’est par une accolade fraternelle que le Premier ministre éthiopien a accueilli le dirigeant érythréen.

Dans les rues de la capitale, des milliers d’Ethiopiens ont entonné des chants de paix sur le passage du véhicule blindé d’Issayas Afewerki.

Des danseurs traditionnels éthiopiens se produisent lors de la cérémonie d'accueil du président érythréen, Issayas Afewerki, pour une visite de trois jours à l'aéroport international de Bole à Addis-Abeba, le 14 juillet 2018.
Des danseurs traditionnels éthiopiens se produisent lors de la cérémonie d'accueil du président érythréen, Issayas Afewerki, pour une visite de trois jours à l'aéroport international de Bole à Addis-Abeba, le 14 juillet 2018. REUTERS/Tiksa Negeri

« La joie que nous éprouvons est indescriptible », a affirmé le dirigeant érythréen, lors du déjeuner donné en son honneur.

« Erythréens et Ethiopiens sont un même peuple », a-t-il poursuivi.

Ces habitants d'Addis Abeba sont venus accueillir le président érythréen, Issayas Afewerki, lors de sa visite historique en Ethiopie, ce samedi 14 juillet 2018. Leurs visages sont peints aux couleurs des drapeaux des 2 pays.
Ces habitants d'Addis Abeba sont venus accueillir le président érythréen, Issayas Afewerki, lors de sa visite historique en Ethiopie, ce samedi 14 juillet 2018. Leurs visages sont peints aux couleurs des drapeaux des 2 pays. Christelle Gérand/RFI

Un sentiment partagé par les milliers d'Ethiopiens rassemblés pour accueillir l'ennemi d'hier, comme par les 23 000 signataires qui demandent la nomination du premier ministre éthiopien pour le prix Nobel de la paix.

01:10

Liesse à Addis-Abeba

RFI

Le président Afewerki s'est rendu à Hawassa

Issayas Afewerki devrait rester trois jours sur le sol éthiopien. Au programme, une visite du parc industriel d’Hawassa spécialisé dans le textile, à quatre heures de route d’Addis-Abeba.

Aux côtés du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, le président Issayas Afewerki s'est rendu dans la journée à Hawassa, l'occasion de voir la réalité de certaines usines de ce vaste parc industriel. «Ensemble, l'Éthiopie et l'Érythrée travailleront pour réaliser l'immense potentiel de nos deux nations », écrit dans un tweet Fitsum Arega, directeur de cabinet du Premier ministre éthiopien.

Au cours de ce séjour, le président érythréen doit aussi assister à la réouverture de l'ambassade de son pays, fermée à cause de la crise entre Addis-Abeba et Asmara. Signe concret de ce rapprochement : des vols directs reliant les deux capitales doivent reprendre dès la semaine prochaine.

Cette visite historique s'inscrit dans le cadre du dégel des relations entre Addis-Abeba et Asmara. Le lundi 9 juillet, les deux pays ont signé une déclaration de paix, mettant fin à vingt ans de guerre. Concrètement, ce texte engage les deux pays à respecter la frontière qui a longtemps fait l'objet de tensions.

Une histoire régionale tourmentée

L'Ethiopie perd officiellement sa façade maritime en 1993, avec l'indépendance de son ancienne province. Mais elle va continuer à utiliser le port d'Assab en Erythrée pour environ la moitié de ses importations et exportations à l'époque.

Tout cela va changer avec la guerre de 1998 à 2000 : Asmara ferme alors totalement l'accès de ses ports à Addis Abeba, qui dépend désormais du seul port de Djibouti pour tous ses échanges.

L'Ethiopie qui paie deux milliards de dollars de frais portuaires chaque année cherchait à consolider et à diversifier ses axes d'échanges. Il a donc proposé dernièrement à Djibouti d'échanger des actions dans ses ports contre celles de sa compagnie aérienne éthiopienne et de certaines de ses industries. Une proposition qu'aurait acceptée son voisin.

Autre piste de diversification, Addis-Abeba a pris en mars 19% du port en construction de Berbera dans le Somaliland, ce territoire semi-autonome qui a proclamé son indépendance en 1991, mais qui n'est pas reconnu par la communauté internationale. Et cela au grand dam de la Somalie.

La spectaculaire réconciliation entre l'Ethiopie et l'Erythrée que nous vivons aujourd'hui change la donne, et elle va sans doute bouleverser les équilibres économiques et stratégiques dans la Corne de l'Afrique selon des spécialistes de la région. Parmi les grandes décisions annoncées, celle de développer ensemble les ports érythréens. Ce qui va permettre notamment à l'Ethiopie de ne plus dépendre du monopole portuaire djiboutien et à l'Erythrée dont l'économie est en ruine, d'avoir une nouvelle et importante source de revenus.


Quid des droits de l'homme en Erythrée ?

Ce dégel des relations ne suscite pour le moment pas de grand optimisme de la part des Erythréens en exil. A l'image d'Amanuel Ghirmaï, journaliste indépendant et qui travaille pour la radio Erena à Paris.

Les gens pensent que la situation va s'améliorer. Mais nous émettons des réserves en ce qui concerne la politique intérieure de l'Erythrée, parce que ce rapprochement émane d'une décision unilatérale. En effet, nous n'avons pas d'Assemblée nationale. C'est une seule personne, qui après 20 ans de guerre, décide de faire la paix. C'est une bonne chose pour les populations, mais nous doutons de l'avenir du pays. Nous avons par exemple de nombreux cas de violations des droits humains: des hommes politiques et des journalistes sont en prison. Certains ont été arrêtés parce qu'on les accuse d'être des espions éthiopiens pour le compte du gouvernement éthiopien. Or à ce jour, les autorités érythréennes n'ont affiché aucune volonté de libérer les prisonniers politiques, de respecter la Constitution ou encore d'organiser des élections transparentes et démocratiques.Donc parfait pour cette paix négociée avec l'Ethiopie. Mais maintenant, que va-t -il se passer en Erythrée?

00:55

Amanuel Ghirmaï

Bineta Diagne

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.