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Cameroun

Cameroun: un plan d'urgence pour soutenir les régions anglophones

Au Cameroun, le Premier ministre a décliné mercredi 20 juin devant la presse un plan d'urgence pour soutenir les régions anglophones, en proie à des violences depuis octobre dernier. Le gouvernement annonce plusieurs mesures, qui devraient coûter près de 12 milliards de FCFA. Mais l'annonce de ce plan d'urgence était l'occasion pour le gouvernement de pointer du doigt les violences, commises selon Yaoundé par les séparatistes anglophones.

Bamenda, l'une des villes anglophones du Cameroun les plus importantes (photo d'illustration).
Bamenda, l'une des villes anglophones du Cameroun les plus importantes (photo d'illustration). AFP/Reinnier KAZE
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Ce plan d'urgence, c'est avant tout l'occasion pour le gouvernement, de dénoncer un « climat de peur », entretenu, selon lui, par les groupes séparatistes armés autoproclamés des deux régions anglophones du Cameroun. Le gouvernement pointe du doigt 14 personnes établies à l'étranger. Yaoundé les accuse de procéder à des collectes de fonds pour acheter des armes et « financer des activités terroristes ».

Puis le document dresse une liste exhaustive des violences attribuées aux séparatistes : il y aurait plus de 120 cas d'incendies d'écoles, des attaques contre certains projets d'infrastructures, des agressions contre des administrations et les populations, des enfants embrigadés et drogués, et enfin, des attaques contre les forces de défense et de sécurité, qui auraient conduit à la perte de 84 militaires et policiers. Pas de mention, en revanche, sur le nombre de victimes du côté des séparatistes.

34 000 réfugiés

Mais le président Paul Biya a bien senti l'urgence de ne pas traiter l'épineuse question du Cameroun anglophone que par la force et la sécurité et l'urgence est réelle : au moins 160 000 personnes ont dû fuir leur logement à la suite des violences et 34 000 se sont réfugiées au Nigeria. Une hémorragie plus importante est à craindre si le conflit s'enlise. De fait, l'unité du pays tant vanté par le gouvernement est mise à mal. Et les Camerounais sont appelés à voter dans quatre mois. Les séparatistes se verraient bien troubler la présidentielle.

L'annonce de ce plan d'assistance, c'est aussi l’occasion pour Paul Biya de dire aux populations anglophones qu'elles ne sont pas oubliées, délaissés. C'est couper l'herbe sous le pied au discours séparatiste. Dans un rapport publié la semaine dernière, Amnesty International constate de nombreux cas de violations des droits humains commis par les deux parties impliquées dans cette crise. Témoignages et photos à l'appui, l’ONG documente par exemple 23 cas de torture par les forces de sécurité, commises dans le village de Dadi dans le sud-ouest du pays. Ce à quoi le ministre de la Communication Issa Barary Tchiroma rétorquait sur RFI que les forces de sécurité ont le devoir, comme dans n'importe quel autre pays, de rétablir l'ordre.

Cette annonce est aussi un message à la communauté internationale. Fin mai, en sortant du palais d'Etoudi après un entretien avec le président camerounais, l'ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé avait dénoncé des « assassinats ciblés » commis par l'armée et révélait qu'il avait suggéré au président Biya de songer à son héritage. En clair d'entrer dans l'histoire en ne se présentant pas à la présidentielle citant même au passage Nelson Mandela. Des propos qui ont énervé Paul Biya pas ému pour un sou par cette référence. Mais le président, qui devrait briguer un nouveau mandat en octobre, se devait tout de même d'afficher une politique de la main tendue.

Les réseaux sociaux sont apparus comme un terrain de prédilection des commanditaires du terrorisme orchestré par les Camerounais de la diaspora...

01:28

REPORTAGE Le bilan gouvernemental de la crise anglophone

RFI

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