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Ouganda / Justice internationale

Procès Ongwen: la responsabilité du n°2 de la LRA encore au cœur des débats

A La Haye s'est achevée, ce jeudi, une nouvelle phase du procès de Dominic Ongwen devant la Cour pénale internationale. L'ancien n°2 de la rébellion ougandaise sanguinaire de l'Armée de résistance du Seigneur comparaît pour crimes contre l'humanité, avec une question centrale soulevée : lui qui a été victime lui-même des atrocités de la LRA peut-il être considéré comme responsable des crimes qu'il a commis ? Oui, répondait un professeur de psychologie clinique interrogé sur la question. Ce jeudi, le praticien a été interrogé par les avocats de la défense.

Dominic Ongwen lors de l'audience du 6 décembre 2016 à La Haye.
Dominic Ongwen lors de l'audience du 6 décembre 2016 à La Haye. Peter Dejong / ANP / AFP
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L’interrogatoire sur l’impact des traumatismes a été fastidieux. « Faire l’expérience d’un traumatisme à un jeune âge n’a-t-il pas un effet plus profond sur la personne ? », interroge par exemple l’avocat de Dominic Ongwen. « Quel impact l’exposition permanente à un environnement de stress ou de peur peut-il avoir sur la personne ? »

« Dans le cas de Dominic Ongwen », répond le professeur en psychologie clinique, « je ne doute pas que ce stress permanent aurait pu servir de terrain pour développer un trouble mental, mais à ce jour je n’ai aucun élément clinique pour l’affirmer ». Avant d’ajouter : « être exposé à des évènements traumatisants ne suffit pas pour affirmer que quelqu’un a développé un trouble mental et dans les rapports médicaux qui m’ont été soumis je n’ai rien trouvé qui soutienne cette hypothèse ».

Au final le psychologue clinicien n'aura pas pu apporter de réponse à cette question clef des conséquences des traumatismes de l'ex-enfant soldat sur sa santé mentale à long terme.

L'expert psychiatre regrette de ne pas avoir pu examiner Ongwen

Car les trois experts médicaux convoqués par l'accusation affirment tous ne pas avoir suffisamment d'éléments pour pouvoir l'affirmer. Aucun d'entre eux n'a pu avoir accès au prévenu Dominic Ongwen. Refusé par la défense, Roland Weierstall le témoin l'a regretté à plusieurs reprises : « Il aurait été absolument essentiel d'avoir plus d'informations sur Mr Ongwen. La responsabilité criminelle est un enjeu lourd, M. Ongwen aurait mérité un véritable examen médical. Mais pour l'heure, avec les éléments que j'ai, je ne peux pas dire "ok, M. Ongwen était dans un contexte de guerre donc probablement il souffre de stress-post traumatique ou de dépression". Non : pour faire un véritable examen médical, il fallait le rencontrer et ça a été refusé ! »

Reste donc au juge de trancher. A-t-il assez d'éléments sur la santé mentale de Dominic Ongwen ? Seul le magistrat pourrait encore demander à ce qu'un psychiatre ou un expert médical rencontre Ongwen et évalue son état de santé mentale.

Pour la défense, l’objectif est ne pas éliminer la possibilité que Dominic Ongwen souffre d’un trouble mental qui pourrait lui valoir des circonstances atténuantes voire même de bénéficier de l’article 31 qui exonère de toute culpabilité en cas de trouble mental sévère. Sourcils froncés, Dominic Ongwen lui a suivi l’interrogatoire l’air lassé, comme désabusé. Il faut dire que le procès s’est ouvert il y a près d’un an et demi déjà, et qu’il est loin d’être terminé puisque, après une interruption de quelques semaines, ce sera au tour des avocats des 4 000 victimes de plaider, le 1er mai.

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