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RCA / Justice

RCA: travaux forcés à perpétuité pour le «général Andilo»

Au terme de neuf jours de procès, le « général Andilo », un des leaders anti-balakas, a été condamné, par la justice centrafricaine, aux travaux forcés à perpétuité ainsi qu'à verser aux victimes ou à leur famille 118 millions de francs CFA de dommages et intérêts. C'est le premier acteur de la crise qui a ravagé le pays de 2013 à 2015 qui est condamné. La défense a d'ores et déjà prévenu qu'elle irait en appel. Ce jugement marque la renaissance d'un système judiciaire en lambeaux depuis plus de 4 ans.

Vue de la capitale de la RCA, Bangui (image d'illustration).
Vue de la capitale de la RCA, Bangui (image d'illustration). AFP PHOTO/EDOUARD DROPSY
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« Assassinat », « séquestration », « association de malfaiteurs », « vol aggravé » et « détention illégale d'armes de guerre ». C'est pour ces cinq chefs d'accusation que Rodrigue Ngaïbona a été condamné aux travaux forcé à perpétuité comme requis par le parquet.

Pour maître Malekoudou, le représentant du collectif des parties civiles, c'est une décision normale qui a été rendue : « La justice centrafricaine n'a pas du tout affaire à un procès anti-balakas. La justice centrafricaine ne peut que poursuivre les criminels, ceux qui ont commis des infractions et qui doivent être jugés. Tel est le cas d'Andilo qui a commis des infractions et qui après une procédure longue a abouti à sa condamnation à perpétuité. »

Un scandale pour la défense

En revanche, pour la défense, ce jugement est un scandale. Notamment parce que ce sont justement les anti-balakas qui sont ici visés. Maître Gonenzapa, n'a pas caché pas sa colère à l'issue du verdict : « C'est une peine très lourde, pour la simple raison que l'accusé a rendu service au peuple centrafricain. Et ce n'est pas de la sorte que l'on doit condamner Ngaïbona Rodrigue. »

Durant tout le procès, extrêmement suivi en Centrafrique - débats diffusés par haut-parleurs, retransmissions en direct à la radio - les rumeurs ont couru sur les conséquences de ce jugement. D'ailleurs, pour cette journée de verdict, la salle a été complètement évacuée à l'exception des journalistes et des avocats. La radio nationale, elle même, n'a pas eu droit d'annoncer les délibérés en direct, contrairement au reste du procès.

Le renouveau judiciaire

Néanmoins, avec ce procès, les autorités voulaient montrer que le système judiciaire redémarre et s'attaque aux puissants. Cela n'a pas empêché le porte-parole de la coordination des ex-antibalakas, Igor Lamaka, de dénoncer, pour sa part, une « parodie de justice ». Mais il nourrit des sentiments partagés.

« Nous dénonçons les errements de la justice expiatoire, de la justice à double tranchant, parce qu'aujourd'hui, ce sont les ex-patriotes antibalakas qui sont condamnés. Il n'y a aucun ex-seleka en prison. Tous sont jugés par contumace. C'est un procès de la honte. Mais nous sommes fiers, parce que c'est notre justice et nous faisons confiance à la justice centrafricaine parce que c'est notre justice, à nous », estime-t-il.

Andilo n'a pas été condamné pour l'exemple, rétorque Florent Geel, de la FIDH, partie civile dans ce dossier. « Evidemment, ce procès n'est pas parfait, parce que l'état de la justice centrafricaine est extrêmement précaire. Cette justice n'existait plus il y a deux ans, il a fallu la reconstruire tant bien que mal. Donc forcément, cela comporte des limites, des séquelles, des difficultés à tous les stades de la procédure. Pour autant, c'est un procès contradictoire qui a eu lieu. Les victimes, aussi, ont le droit d'avoir une justice qui ne soit pas celle des calendes grecques, donc à un moment il faut bien commencer. La justice n'est pas parfaite, il faut simplement qu'elle soit acceptable. Et ce procès était, dans ses grandes lignes, acceptable », explique-t-il.

En plus de la justice centrafricaine, le « général Andilo » pourrait se retrouver entre les mains de la Cour pénale spéciale, chargée d'enquêter sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité, lorsqu'elle sera effective dans quelques mois.

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