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RDC

[Reportage] RDC: à Beni, cultiver les champs la peur au ventre

A cause de l'insécurité et des massacres à répétition entre 2016 et 2017, le nombre d'agriculteurs dans le territoire de Beni a diminué de moitié. Ceux qui continuent d'aller au champ pour vivre le font la peur au ventre. Et le prix de certaines denrées a flambé.

Dans la région de Beni, au Nord-Kivu, aller au champ c'est prendre le risque d'être la cible d'attaques ou de se faire voler sa récolte par des miliciens.
Dans la région de Beni, au Nord-Kivu, aller au champ c'est prendre le risque d'être la cible d'attaques ou de se faire voler sa récolte par des miliciens. AFP PHOTO / LIONEL HEALING
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5 000 francs CFA le sceau de farine de manioc (7,62 euros) contre 2 000 francs (3,05 euros) autrefois. Sur le marché de Beni, en deux ans, les prix ont plus que doublé.

« Il y a de moins en moins de farine à vendre sur le marché. C'est à cause des tueries qui sévissent ici, explique Kahindo Fahida, vendeuse de farine de manioc. Les gens ont fui leurs champs. Ceux qui continuent à cultiver le font malgré eux et malgré l'insécurité. »

Sac de manioc sur le dos, Djaffét Sekambale rentre chez lui au quartier Butanuka. Pour lui, pas d'autre choix que d'aller au champ pour manger, malgré l'attaque dont il a été victime l'an passé. « L'attaque a eu lieu à Mbelu, raconte-t-il. Ils sont arrivés, ils étaient nombreux. Moi j'ai pu fuir, mais ils ont tué ceux qui sont restés. J'ai perdu mon grand-père ce jour-là au champ. Et depuis, ma vie a changé : je n'étudie plus car c'est lui qui payait ma scolarité. »

A (RE)ECOUTER → Massacres de Beni: « La réalité est beaucoup plus complexe »

Cultiver la peur au ventre donc, et sans la certitude à la fin de récupérer le fruit de leur travail. Nestor Basianirya préside l'union locale des agriculteurs : « Parfois, au moment de faire la récolte, la situation empire et c'est si dangereux qu'on ne peut pas accéder à nos champs. Alors c'est l'ennemi qui récolte à notre place. Il arrive qu'ils en profitent pour égorger nos chèvres et les manger », rapporte-t-il.

Beaucoup d’agriculteurs sont partis ailleurs, là où il n’y pas pas la guerre. Et ceux qui sont restés travaillent dans la peur. Ils savent qu’à tout moment ils peuvent être obligés de s’enfuir et d’abandonner leurs cultures.

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Nestor Basianirya, président de l'Union locale des agriculteurs de Béni

Florence Morice

Au seul mois de novembre dernier, huit agriculteurs ont disparu dans la région. Introuvables depuis. Tous étaient des mineurs âgés de 8 à 16 ans.

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