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Cameroun/Nigeria

Tension entre le Cameroun et le Nigeria: décryptage avec Hans de Marie Heungoup

Au Cameroun, sept personnes, dont un gendarme et six «assaillants» ont été tuées à Mamfe, selon les autorités camerounaises, qui accusent les «sécessionistes» de la région, déjà responsables d'attaques meurtrières contre des représentants de l'Etat. Cette attaque est survenue alors qu'un envoyé spécial du président du Nigeria, porteur d'un message, a rencontré le président Paul Biya vendredi pour évoquer la coopération entre les deux pays, alors que la crise en zone anglophone commence à déborder au-delà des frontières du Cameroun, jusqu'au Nigeria voisin.

Mamfe en zone anglophone au Cameroun.
Mamfe en zone anglophone au Cameroun. Carte/Montage/RFI
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Pour Hans de Marie Heungoup, chercheur pour le Cameroun au sein de l'International Crisis Group, cette rencontre était essentiellement symbolique.

« A mon sens, cette visite du haut-commissaire du Nigeria au président camerounais doit être lue comme un mécanisme pour le Nigeria visant présenter le pays comme n’étant, ni de près ou de loin, rattaché au mouvement séparatiste camerounais. Mais, à mon sens, cela ne débouchera pas sur une collaboration plus nette que ce qui se fait déjà sur le terrain ».

Et le chercheur rappelle que « les autorités nigérianes, notamment les autorités de l’Etat de Cross River, ont attiré l’attention des autorités camerounaises sur le fait qu’une autre approche était nécessaire, notamment l’approche politique et le dialogue pour venir à bout de la question anglophone dans son ensemble et pas simplement de la question de la sécession  ». Un dialogue articulé autour de la question du fédéralisme ou au moins de la décentralisation afin de couper l’herbe sous le pied aux sécessionnistes qui trouveraient alors moins d'appui populaire au sein des communautés anglophones.

Afflux de réfugiés anglophones au Nigeria

Des milliers de réfugiés camerounais ont déjà traversé la frontière nigériane pour trouver refuge dans l'Etat de Cross River et les autorités de Yaoundé craignent que le Nigeria soit utilisé comme base de repli pour les sécessionnistes. Selon Hans de Marie Heungoup, les autorités locales camerounaises ont fait preuve d'une certaine «maladresse» en signant, il y a une semaine, un communiqué appelant des populations d’une quinzaine de villages du département frontalier à quitter les lieux sous bref délai, sous peine d’être confondues à des sécessionnistes. Une initiative qui «a accru la population de réfugiés au Nigeria». 

De part et d’autre, il y a les accusations qui fusent. Les réfugiés (au) Nigeria accusent les forces de sécurité camerounaises de manœuvres d’intimidation, et parfois, de pénétration dans le territoire nigérian pour arrêter quelques-uns. Et d’autre part, de la part des autorités camerounaises et notamment des forces de sécurité. Elles accusent certains de ces sécessionnistes de s’immiscer et d’être infiltrés parmi ces réfugiés-là.

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Hans de Marie Heungoup: de part et d'autre, les accusations fusent

Léonard Vincent

Mais pour Hans de Marie Heungoup, les deux pays ne pourront pas aller bien plus loin que la situation qui prévaut aujourd'hui. Une coopération accrue permettrait-elle de faire un état des lieux de qui est réfugié et qui ne l'est pas ? « Est-ce qu’elle permettrait, dans ce cas, d’expulser certains d’entre eux vers le Cameroun ? Je doute fort qu’on en arrive là», conclut le chercheur.

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