Gabon: les raisons de l’éviction de Bruno Ben Moubamba du gouvernement

Le Gabon a un nouveau ministre de l’Habitat puisque Bruno Ben Moubamba ne fait plus partie de l'équipe. Il a été limogé ce jeudi. L'opposant était entré en octobre dans le premier gouvernement post-crise électoral présenté comme l'un des symboles du dialogue et de l'ouverture voulue par le président Ali Bongo. Mais des tensions s'étaient rapidement fait sentir avec le pouvoir. Finalement, c'est le Premier ministre en personne qui a annoncé son limogeage à la télévision.

Bruno Ben Moubamba, ancien candidat à l'élection présidentielle gabonaise. (Source : www.moubamba.org)

Emmanuel Issozé-Ngondet a rappelé trois principes pour expliquer l'exclusion de Bruno Ben Moubamba : la solidarité avec les ministres, le devoir de responsabilité et le respect de la hiérarchie. « Le gouvernement ne peut pas devenir un forum où chacun fait valoir ses intérêts personnels », a déclaré le Premier ministre, ajoutant qu'il ne tolérait aucun écart fragilisant la cohésion et l'action de son équipe.

Bruno Ben Moubamba a violemment contre-attaqué sur son compte Facebook. « Ce n'est pas le Premier ministre qui m'a viré, c'est moi qui ai décidé de le quitter en dénonçant son management extrêmement nul », a écrit l'opposant. Le président du parti ACR a aussi dénoncé un plan de relance économique inapplicable, une gestion de la crise de l'éducation invraisemblable ou encore un dialogue politique peu crédible. Dans un message publié dans la nuit puis effacé, le désormais ex-ministre avait même écrit « préférer sortir du gouvernement que d'être obligé de commettre des crimes pour rester au pouvoir ».

Après la crise postélectorale de 2016, les autorités n'avaient pas réussi à débaucher des opposants proches de Jean Ping. Bruno Ben Moubamba avait alors été présenté comme la principale prise de guerre d'un gouvernement dit d'ouverture. Mais le turbulent ministre a régulièrement critiqué les autorités et le système autour du président Bongo. Après un remaniement fin août, d'autres opposants ont fait leur entrée au gouvernement. Garder Bruno Ben Moubamba n'était peut-être plus aussi nécessaire.