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Madagascar

[Reportage] Madagascar: rite de retournement des morts sur les Hauts-Plateaux

A Madagascar, de juillet à septembre, c’est l’hiver austral. Les habitants de l’île profitent de cette saison sèche pour organiser un rite traditionnel: le Famadihana ou, en français, le retournement des morts. Cet hymne aux ancêtres, qui une fois honorés pourront apporter des bénédictions aux familles organisatrices, est l’occasion d’immenses retrouvailles festives, au pied du tombeau familial. Célébré dans tout Madagascar, le rite varie cependant dans son déroulement d’une ethnie à une autre. C’est sur les Hauts-Plateaux, dans le centre de l’île, que les réjouissances sont les plus fastueuses.

Au son de la fanfare, les familles dansent avec les dépouilles enveloppées dans de vieux linceuls, au milieu de la foule.
Au son de la fanfare, les familles dansent avec les dépouilles enveloppées dans de vieux linceuls, au milieu de la foule. RFI/Sarah Tetaud
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Il est 9h et c’est déjà l’effervescence dans la cour de la maison de Madame Rasoamanalina, dans la brousse des Hauts-Plateaux. Pieds nus, vêtue d’un tailleur jaune satiné, la vieille dame de l’ethnie Merina salue, un à un, ses 2 000 invités. C’est aujourd’hui, le troisième et dernier jour de fête, que l’on va sortir les dépouilles du tombeau et danser avec elles : l’apothéose du Famadihana, le retournement des morts.

« J’ai travaillé dur pour cette célébration. J’ai pu payer ma part grâce à la vente de mes légumes. Ca m’a pris presque dix ans pour économiser. Mais c’était mon devoir, tant que je suis encore vivante, d’honorer mes morts et de renouveler les linceuls de mes beaux-parents, de mon mari ainsi que celui de ma fille », assure Madame Rasoamanalina.

« Ca montre l’amour et le respect qu’on a pour nos ancêtres »

La viande de zébu engloutie, le cortège entame la marche en direction du tombeau familial. Un invité rappelle l’importance de cet événement. « Le retournement des morts, pour nous Malgaches, ça fait partie de notre système de valeurs. Ca montre l’amour et le respect qu’on a pour nos ancêtres, et ça permet aussi aux générations d’après de reconnaître leurs ancêtres dans le tombeau », explique-t-il.

Le tombeau est ouvert. Les dépouilles sont brandies par des membres de la famille au milieu de la foule. On danse, on rit, Madame Rasoamanalina enlace le corps de son mari. « Je suis très émue. Je viens de lui demander une bénédiction pour que ses descendants soient en bonne santé », confie-t-elle.

Au coucher du soleil, les dépouilles, ornées de nouveaux linceuls, seront remises une à une au tombeau. Puis il sera scellé jusqu’au prochain Famadihana quand la famille aura réuni l’argent nécessaire pour honorer à nouveau ses défunts.

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