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Afrique du Sud

Afrique du Sud: l'ANC fait encore front malgré les défections

En Afrique du Sud, à une vingtaine de voix près, Jacob Zuma a évité  la destitution. Mardi soir  l'Assemblée nationale a rejeté la motion de défiance proposée par l'opposition, mais la majorité n’a jamais été aussi courte. Beaucoup y voient le résultat de l’accumulation des scandales qui ont entaché la présidence Zuma avec des conséquences sur son parti. Depuis un an les fissures au sein du gouvernement de l’ANC se font de plus en plus visibles. En août 2016, l’ANC perdait les municipalités de Johannesburg et Pretoria. Un revers historique pour le parti au pouvoir depuis la fin du régime de l’apartheid, un coup de massue qui aurait dû déboucher sur une remise en question, selon de nombreux observateurs ; mais à l’ANC on fait front, c’est l’unité avant tout et contre tous. 

Jacob Zuma avec ses partisans le 8 août 2017.
Jacob Zuma avec ses partisans le 8 août 2017. REUTERS/Mike Hutchings
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L’ANC fait front contre l’avis des figures historiques de la lutte anti-apartheid. Les « vétérans » demandent la démission du président depuis près d’un an.

Parmi eux Ahmed Kathrada, meilleur ami de Nelson Mandela, refusait que Jacob Zuma assiste à ses obsèques qui se sont d’ailleurs transformées en véritable tribune anti-Zuma.

La contestation prend un tournant décisif au printemps 2017. Zuma remercie le très respecté ministre des Finances Pravin Gordhan, du Parti communiste, ce qui ébranle l’alliance tripartite au pouvoir en Afrique du Sud, alliance constituée de l’ANC, du Parti communiste et de la Cosatu, la puissante centrale syndicale. Elle aussi demande aussi la démission du chef de l’Etat et lui interdit d’assister à ses meetings.

Puis les défections s’enchaînent « au sein même » de l’ANC : son secrétaire général demande  l'ouverture d'une enquête sur les liens entre le clan présidentiel et la famille Gupta.

Il est suivi par le vice-président Cyril Ramaphosa, aujourd’hui en bonne place dans la course pour prendre la tête de l’ANC, tout comme Nkosazana Dlamini-Zuma. Mais beaucoup doutent que le parti soit encore en mesure de remporter les prochaines élections.


Témoignage

Le député Bantu Holomisa est un ancien ministre de Nelson Mandela, qui,  après avoir été exclu de l'ANC dont il a vite critiqué le manque de résultats, a fondé en 1997 son propre parti l'UDM, le Mouvement démocratique uni. Il revient sur les moyens qui, selon lui, ont permis à Jacob Zuma de se maintenir aussi longtemps malgré les scandales à répétition. « A chaque scandale, il a utilisé les voies judiciaires pour se défendre. Je ne sais pas combien de millions il a pu dépenser en conseillers juridiques; et c'est l’argent de l'Etat qu'il a utilisé pour ça.  Pour se défendre, il a tout contesté, à chaque étape, devant les tribunaux. Y compris dernièrement la demande pour que les députés votent à bulletin secret. Il a aussi fait en sorte que l'ensemble de l'appareil sécuritaire soit aux mains de ses hommes et les services de renseignement aussi. C'est comme ça qu'il s'est maintenu, en faisant en sorte que ses hommes au sein des institutions-clés le protègent. Il a échoué en revanche à le faire pour la justice. L'appareil judiciaire n'a pas été compromis : c'est l'une des rares institutions fiables de ce pays, avec les médias. »

« Ce qui est malheureux, c'est qu'il a ruiné l'héritage laissé par ses prédécesseurs Nelson Mandela et Thabo Mbeki. Rappelez-vous qu'il était déjà en butte à des soupçons de corruption au moment de son arrivée à la présidence et les poursuites dont il était menacé à l'époque sont d'ailleurs toujours d'actualité. Durant les 18 années qu'il y a passé au pouvoir, cela n'a été que scandale après scandale, presque chaque semaine; des scandales dans lesquels il a été personnellement impliqué, ainsi que des membres de sa famille. On se souviendra de lui comme de l'homme qui a introduit les Gupta dans l'économie du pays et leur a confié beaucoup d'entreprises, en tant qu'amis de sa famille. Il n'y a malheureusement rien de positif à dire sur Jacob Zuma. »

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