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Kenya

Kenya: un internaute menace de mort les gangsters des banlieues de Nairobi

Au Kenya, un mystérieux internaute fait beaucoup parler de lui. Sous le pseudonyme « Hessy », il menace de mort des gangsters de Nairobi sur Facebook. L’initiative rencontre le soutien d’un grand nombre d’internautes fatigués de l’insécurité qui règne dans la ville.

Une vue générale de Nairobi, au Kenya.
Une vue générale de Nairobi, au Kenya. AFP PHOTO / SIMON MAINA
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De notre correspondante à Nairobi,

Quand on se rend sur une des nombreuses pages Facebook d’Hessy, on peut lire des phrases du genre : « Il y a un moyen simple de régler le problème du crime, obéir à la loi et punir ceux qui l’enfreignent. » Le message est clair.

Hessy a différents comptes, en référence à des banlieues pauvres de Nairobi : Hessy de Kayole, Hessy de Eastland, ou encore de Dandora. C’est là qu’il poste régulièrement les photos de criminels, accompagnés de leur dernier délit et de menaces en sheng, l’argot de Nairobi.

Sa menace préférée : « Utujua Ujui », « Bientôt tu sauras que tu ne sais rien ». Il l’utilise également comme hashtag sur Twitter, tout comme le count down, le compte à rebours, sur lequel il place les criminels.

Hessy est apparu dans la presse kényane il y a une dizaine de jours, suite à la mort, selon les médias kényans, de celle qu’on appelait « la gangster la plus sexy de Nairobi ».

Peu après l’annonce de son décès, Hessy a posté sur Facebook des photos d’un corps sans vie, ainsi qu’un post plus ancien, où il la menaçait directement, semblant par là revendiquer l’exécution.

Qui se cache derrière le pseudonyme « Hessy » ?

Pour l’instant, rien ne prouve qu’Hessy soit coupable des crimes qu’il revendique. On ne sait pas non plus qui se cache derrière ce pseudo. Une seule, ou plusieurs personnes ?

Selon les journaux kényans, il pourrait s’agir, au vu de la précision des informations fournies sur les criminels, d’un ou de plusieurs policiers aux méthodes extrêmes. Faux, dit la police kényane, pour qui Hessy serait un criminel comme les autres.

Dans certaines publications, Hessy semble se définir comme un groupe d’autodéfense et appelle même les internautes à partager des informations sur l’insécurité dans leur quartier. Mais il pourrait aussi avoir été créé par un ou des internautes mal intentionnés.

En tout cas, le soutien du public est là, particulièrement dans les quartiers concernés. Ces groupes Facebook, Kayole et Dandora sans crimes, ont chacun plus de 30 000 membres.

Les comptes au nom d’Hessy se multiplient également, tout comme les messages d’encouragement. « Quelle que soit son identité, il est le genre de personne dont nous avons besoin », écrit, par exemple, un internaute.

Une normalisation des exécutions extra-judiciaires inquiétante

Mais, pour d'autres, ce phénomène est très inquiétant. Les défenseurs des droits de l’homme sont unanimes sur la question. Par exemple Abdullah Boru Halakhe, chercheur chez Amnesty International.

Ce dernier explique que cela relève d’une glorification du crime et d’une normalisation des exécutions extra-judiciaires, un problème déjà récurrent au Kenya. C’est aussi le signe, dit-il, d’un sentiment d’insécurité de la population dans ces quartiers et d’une défiance envers les autorités.

D’ailleurs, Hessy a fait le buzz quelques semaines seulement après qu’une vidéo très violente est devenue virale sur Internet. On y voyait un homme soupçonné d’être un policier en civil abattre, à bout portant et en plein jour, deux criminels désarmés dans le quartier somalien d’Eastleigh.

L’insécurité reste donc une préoccupation majeure des habitants de Nairobi. L’année dernière, un collectif d’artistes, The Nest, s’était emparé du sujet dans le premier épisode de leur web-série appelée « Tuko Macho » (« On te regarde », en swahili).

Un y voit un groupe de militants kidnapper un jeune voleur de voiture, puis demander à la population de Nairobi, via les réseaux sociaux, s’il mérite la peine capitale.

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