Accéder au contenu principal
Afrique du Sud

Pluie d’hommages en Afrique du Sud après la disparition d’Ahmed Kathrada

Drapeaux en berne en Afrique du Sud après le décès d’Ahmed Kathrada annoncé tôt ce mardi matin. Ce vétéran de la lutte antiapartheid avait 87 ans et il en aura passé 26 en prison, à Robben Island après le procès de Rivonia en 1964. C'était une figure du combat contre les inégalités, il était très actif jusqu'au bout. Et les réactions de suivent et se ressemblent. Ce matin, plusieurs vétérans de l’ANC, le mouvement de libération de Mandela, se sont réunis pour lui rendre hommage. Parmi eux des grandes figures de la lutte contre l’apartheid, comme Winnie Mandela.

Ahmed Kathrada rend hommage à Nelson Mandela.
Ahmed Kathrada rend hommage à Nelson Mandela. REUTERS/Odd Andersen/Pool/File Photo
Publicité

Winnie Mandela, sa fille Zenani, George Bizos, son avocat de l’époque, et de nombreux vétérans de la lutte contre l’apartheid sont venus rendre hommage à Ahmed Kathrada. Tous ont salué un homme discret, humble, mais déterminé. Chacun avec sa petite anecdote. Son avocat George Bizos, par exemple, s'est souvenu de lui comme le détenu le plus intelligent auquel le régime ait été confronté.

Kathrada, d’origine indienne, refusait tout favoritisme que lui proposaient ses gardiens durant son incarcération à Robben Island. D’autres se sont rappelé son militantisme. Même s’il n’a été en politique que quelques années, puisqu’il a été député et conseiller du président Nelson Mandela pendant son mandat. Kathrada est resté très actif par la suite. L’année dernière, il s’était rendu à une manifestation étudiante pour encourager les jeunes qui protestaient pour obtenir une éducation gratuite.

D’autres se sont rappelés d’un homme intègre. Un des vétérans a rappelé que Kathrada était fière de la lutte de son pays, mais aussi triste par l’état de son parti, l’ANC sous l’actuel président Jacob Zuma. Parmi les autres hommages, celui également de Desmond Tutu, l’ex-archevêque du Cap et prix Nobel de la paix qui a salué un « homme d'une ténacité remarquable », et la conscience morale du mouvement.

Il est encore aujourd'hui une source d'inspiration pour de nombreux militants, comme Roshan Dadoo : « Ce n'était pas juste un leader, c'était un homme de principe, dont nous devrions tous nous inspirer. Malheureusement certains de nos leaders aujourd'hui ont perdu mon respect et celui de nombreuses personnes. Il ne faut pas se voiler la face, et éviter le sujet comme si il n'y avait pas de problème. »

Dernier combat pour l'ANC

L’enterrement d’Ahmed Kathrada est prévu pour ce mercredi, mais il y a déjà quelques tensions qui apparaissent autour de ces funérailles. La cérémonie est prévue au cimetière de Westpark à Johannesburg, un enterrement officiel en présence du chef de l’Etat. Et on a appris que la famille d’Ahmed Kathrada aurait demandé à ce que le président Jacob Zuma ne s’exprime pas.

Pour rappel, l’année dernière Kathrada avait pris le chef de l’Etat à partie lui demandant de démissionner suite aux nombreux scandales dans lesquels Jacob Zuma est embourbé. Dans une lettre rendue publique, il avait déploré l’état de son parti, la corruption, le népotisme, ajoutant qu’il ne s’était pas battu pour en arriver là.

Et d’ailleurs, Kathrada, ainsi que d’autres vétérans, avaient demandé à rencontrer le chef de l’Etat pour lui faire part de leur préoccupation, sans succès. Les dérives et la corruption au sein de son propre mouvement de l’ANC, le mouvement auquel il a donné sa vie, auront donc été son dernier combat.

« Certain ferait mieux de se regarder dans le miroir et réfléchir à ce que disait des gens comme Kathrada, Nelson Mandela ou Walter Sisulu. Ils insultent la mémoire de gens comme lui qui ont travaillé dur pour obtenir notre Constitution », a pointé George Bizos, l'avocat et ami de Kathrada. Une colère partagée par Cherryl Carolus, vétérante de l'ANC : « Je pense que Kathy a tous les droits d'être fier de ce qu'il a fait pour notre pays. Et de ce qu'il a enseigné à la prochaine génération, comme la mienne. Et ses valeurs vont continuer à vivre à travers nous. Et donc ce que nous vivons aujourd'hui est honteux et un scandale. Mais je pense qu'entre moi et la prochaine génération, nous sommes plus forts que ces forces maléfiques qui cherchent à détruire le rêve que nous a laissé Kathrada. Nous ne les laisseront pas faire. »

L'ANC et le Parti communiste viennent de perdre un homme humble, un homme qui a consacré toute sa vie à la lutte pour la liberté, toute sa vie à la libération du peuple sud-africain. L'Afrique du Sud a perdu un grand citoyen. L'Afrique du Sud a perdu un héros. Ahmed Kathrada voulait la destruction de l'apartheid, pour permettre au peuple sud-africain de vivre en paix, mais il n'a jamais perdu son sang-froid, il n'a jamais perdu son humilité. Quand nous étions en prison, il m'a souvent impressionné. Il nous disait: «camarades, il nous faut étudier, il faut nous préparer, car nous allons être libérés un jour, et nous devons nous équiper pour affronter les problèmes du pays». Il disait toujours: «ils peuvent faire ce qu'ils veulent de moi, mais ils ne me feront jamais changer d'avis. Ils peuvent emprisonner mon corps, mais ils ne pourront jamais emprisonner mon esprit».

01:01

Andrew Mlangeni

Nicolas Champeaux

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.