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Nigeria

Nigeria: climat toujours tendu dans la ville de Ile Ife

Au Nigeria, dans la ville de Ile Ife, dans le sud-est du pays, des conflits ont opposé des personnes d'ethnie Yoruba et Hausa, en début de semaine, faisant au moins 46 morts, selon un bilan fourni par la police. Ce conflit est bien particulier puisque cette cité ancienne est considérée comme la capitale des Yorubas. Au lendemain de ces violences, la tension est toujours très vive. Plusieurs personnalités dénoncent une stigmatisation des Yorubas à travers les interpellations faites par les autorités.

Sur une place de marché, au Nigeria.
Sur une place de marché, au Nigeria. Getty Images/Jane Sweeney
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Tout est parti d'un banal incident sur un marché qui a débouché sur des affrontements entre des personnes d'ethnie Yorouba et des commerçants et habitants Hausa. Des heurts ont eu lieu, notamment avec des armes blanches. Les forces spéciales sont intervenues pendant deux jours.

Les tensions ont d'abord tourné autour du bilan des affrontements. On parle d'au moins 46 personnes tuées mais selon certaines sources, on compterait plus d'une centaine de victimes.

Puis, les polémiques se sont focalisées sur l'ethnie des suspects interpellés. Les Yorouba s'estiment ainsi stigmatisés. « Jusque-là, la police semble avoir fait preuve de partialité ethnique dans ses investigations », dénonce Ayodele Fayose, gouverneur de l'Etat d'Etiki. Ce responsable fait allusion aux 20 personnes interpellées, d'ethnie Yorouba, et que la police a fait défiler dans les rues d'Abuja, cette semaine.

Même colère exprimée par l'OPC, une milice yorouba active à Lagos, depuis 1999. L'OPC donne un ultimatum de 48 heures aux autorités pour interpeller des suspects d'ethnie Hausa, afin « d'avoir un traitement équitable » de toutes les personnes impliquées dans ce conflit.

Dénonçant des actes de vandalisme, Abdulrahman Dambazau, ministre de l'Intérieur, a pour sa part estimé que ces violences n'ont pas une origine ethnique.

Contexte économique propice aux tensions

Joint par RFI, Toyin Falola, historien qui enseigne à l'université du Texas, considère que ces tensions sont le résultat d'un mélange de problèmes liés à la gestion des terres, mais aussi au contexte économique.

« Cette crise a été provoquée par une agression d'un groupe de Yorubas contre une femme Hausa. Ce problème s'est amplifié après la mort d'une personne. Des représailles s'en sont suivies et cela a pris une telle ampleur que personne ne peut contrôler cette crise. Les marchés et les rues ont dû être fermés », a-t-il souligné.

Cet incident s'est produit dans un contexte déjà compliqué avec, par exemple, des tensions liées à la concurrence sur l'accès au marché, et notamment une concurrence très rude sur le marché de la viande. A cela s'ajoute la question de la redistribution foncière. Ces problèmes se répètent depuis plusieurs années et, dans un tel contexte, l'expansion des Hausa est parfois perçue comme un empiètement dans cette cité », a-t-il expliqué.

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