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Cameroun

Cameroun: journée ville morte dans les régions anglophones

Le malaise persiste dans les deux régions anglophones du Cameroun, à l'ouest du pays, où la minorité linguistique se dit marginalisée. Les contestataires ont appelé, vendredi 10 février,  à une journée « ville morte ». L'appel a été bien suivi, malgré la pression des autorités, qui ont coupé internet et interdit le mouvement en arrêtant plusieurs de ses leaders.

Les habitants de Bamenda (photo), dans l'ouest du Cameroun, ont majoritairement respecté l'appel à déserter les rues et à rester chez eux
Les habitants de Bamenda (photo), dans l'ouest du Cameroun, ont majoritairement respecté l'appel à déserter les rues et à rester chez eux Wikimedia Commons
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La ville de Bamenda, chef-lieu de la région Nord-Ouest, a tourné au ralenti toute la journée : la plupart des boutiques sont restées fermées et les rues étaient presque vides, si ce n'est quelques rares passants et cyclistes. Pas de manifestation, pas de barricades comme on avait pu le voir le mois dernier, mais Bamenda, fonctionnait vraiment au ralenti.

Cependant, il est difficile de dire si le mouvement est suivi par conviction ou par peur. Pour les organisateurs, c'est un succès. La preuve, selon un enseignant de Bamenda, que de nombreux anglophones se sentent marginalisés et qu'il faut poursuivre le mouvement. Les habitants qui sont plutôt favorables au mouvement de contestation assurent aussi que cette journée ville morte est un succès. Un enseignant à la retraite explique que le sentiment de frustration était largement partagé dans les régions anglophones.

Mais pour d'autres, notamment pour le parti au pouvoir, si les habitants sont restés chez eux, c'est surtout parce qu'ils craignent des dérapages, des violences, ou des représailles. Ces derniers jours, des jeunes auraient fait pression sur leurs parents, pour qu'ils n'envoient pas les enfants à l'école, ainsi que sur les commerçants, pour qu'ils gardent leurs rideaux baissés aujourd'hui.

Cela n'empêche pas qu'au milieu des rues désertes de Bamenda, un petit groupe réuni devant la cathédrale réclame la reprise des cours et demande un retour à la normale.

Les revendications deviennent politiques

Ce blocage dure depuis plusieurs mois, mais les discussions entre enseignants et gouvernement pour y mettre un terme n'ont rien donné. Les autorités reprochent aux grévistes d'avoir constamment allongé la liste de leurs revendications, rendant impossible la sortie de crise.

Avec le temps, les revendications sociales ont en effet laissé la place à des revendications nettement plus politiques : les leaders de la contestation réclament un retour au fédéralisme, c'est-à-dire au système qui existait avant 1972.

Une solution inenvisageable pour le gouvernement. Depuis que cette option est évoquée par les protestataires, les autorités répondent de la manière forte : le consortium de la société civile anglophone a été interdit, ses leaders arrêtés. Ces derniers comparaîtront d'ailleurs dans trois jours devant la justice militaire. Le gouvernement a également coupé la connexion internet depuis plus de trois semaines.

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