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Tchad

Militaires disparus au Tchad: «Si l’un de nous meurt, on le jette à l’eau»

Pour n'avoir pas voté Idriss Déby à la présidentielle du 9 avril, 49 militaires ont été déportés à Wour, dans le Tibesti, dans des conditions extrêmement difficiles. Des témoignages recueillis font état de mauvais traitements. Le procureur de la République a mené son enquête, notamment sur le cas de cinq militaires donnés pour mort. Mais ces cinq ont été montrés à la télévision bien vivants et le procureur assure qu'aucun militaire reçu dans son bureau n'a évoqué des sévices ou tortures. Le dossier a été classé sans suite. Retour sur ce 9 avril où des militaires arrêtés ont été conduits dans des locaux de la présidence. Au moins deux d'entre eux ont pu s'échapper.

Soldats tchadiens devant le tribunal de Ndjamena (image d’archive).
Soldats tchadiens devant le tribunal de Ndjamena (image d’archive). Thomas SAMSON/Gamma-Rapho via Getty Images
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Oumar* est arrêté le 9 avril, le jour du vote des militaires. Il est conduit dans les locaux de la présidence. D’autres prisonniers sont là, la tête enveloppée par un tissu noir. Il s’entend dire : « Vous voulez d’un autre éléphant [d’un autre président, ndlr], eh bien nous sommes là et nous y resterons. » Suivent deux jours de tortures : courant électrique, fouet. « Si l’un de nous meurt, explique Oumar, on le jette à l’eau. »

Au seizième jour, le militaire parvient à déjouer l’attention de ses geôliers. « J’ai rampé dans un caniveau qui donnait sur le fleuve, se souvient-il. J’ai toujours des traces de torture sur le corps, je vis caché. »

→ A (RE)LIRE : Militaires disparus au Tchad: l'affaire classée sans suite par le procureur

Abacar*, lui, est arrêté le 9 aussi, mais avec dix-sept autres. « On nous a enfermés dans un conteneur, il y a eu quatre morts. On nous a fait inhaler du piment placé dans des sacs plastiques qui recouvraient nos têtes. Le mobile de notre arrestation est de ne pas avoir voté pour le président », assure-t-il.

Ce témoignage, ces quelques phrases que RFI s’est procurées, Abacar les a écrites avant d’être à nouveau arrêté, il y a deux mois. Disparu pour la seconde fois.

*Les prénoms ont été modifiés.

A (RE)LIRE :Tchad: que s'est-il passé dans l'affaire des militaires «disparus-réapparus» ?

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