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Tunisie

Tunisie: Ennahda, un congrès qui annonce une mutation profonde

Ennahda, le parti islamiste, se réunit en congrès à partir de ce vendredi soir 20 mai et jusqu'à dimanche. Un dixième congrès capital pour l'avenir du mouvement, dont le groupe parlementaire est le plus important à l'Assemblée. Le parti devrait annoncer une transformation profonde de son identité en conciliant islam et démocratie.

Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste tunisien Ennahda, face à la presse en septembre 2014.
Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste tunisien Ennahda, face à la presse en septembre 2014. REUTERS/Anis Mili
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Les leaders d'Ennahda (la Renaissance) évoquent une « révision doctrinale » du parti. Une révision qui doit encore être débattue - et adoptée - par les participants au congrès. Qualifiée jusqu'ici de « formation islamiste », Ennahda abandonnerait désormais sa dimension religieuse et ses activités de prédications. Plus de dirigeants imams, plus de contrôle sur les associations religieuses. Résultat ? un «parti politique civil» et démocrate à «référentiel musulman». Un grand parti conservateur pour brasser le plus large possible un peu à l'image, dit-on dans les couloirs, de la CDU de la chancelière allemande Angela Merkel.

Pour Alaïa Allani, enseignant-chercheur à l'Université La Manouba de Tunis et spécialiste de l'Islam politique, le chef du parti n'est pas prêt à séparer Islam et politique. « Dans son dernier livre paru il y a 5 mois, [M. Rached Ghannouchi] disait : il n’est pas question de séparer la politique de la religion, explique Alaïa Allani. Il disait que le prophète Mohamed était le chef des musulmans, l’imam de la mosquée, le chef de l’armée et également la personne qui gérait les affaires de l’Etat. »

Le changement dans la continuité…

La mutation annoncée du parti Ennahda pourrait également se traduire par un changement de nom du parti. La question sera débattue en congrès.
La formation islamiste, première force à l'Assemblée nationale et qui participe à l'actuel gouvernement au côté du parti «laïc» Nidaa Tounes veut donc officialiser la séparation entre ses activités politiques et religieuses.

Concrètement, les fondations de bienfaisance et de prédication qui font la base de ce mouvement depuis sa création, ne pourront plus être liées à l'organisation du parti. Ces associations ne pourront plus bénéficier de subsides du parti, ni utiliser ses logos, ses slogans.

D'après les dirigeants d'Ennahda, cette séparation doit permettre au parti de se consacrer à l’action politique à moins d'un an des premières élections locales depuis la révolution, ce sera en mars 2017. 

Le leader de Ennahda, Rached Ghannouchi, avec des militantes de son parti en octobre 2014.
Le leader de Ennahda, Rached Ghannouchi, avec des militantes de son parti en octobre 2014. AFP PHOTO / FETHI BELAID

Rajeunir et féminiser

Ce tournant sera soumis au vote des militants. Les dirigeants insistent: «c'est un changement dans la continuité et on n'abandonne pas le référentiel islamique». Mais il s'agit -au moins en apparence- de se démarquer de la filiation originelle avec la confrérie des Frères musulmans mais surtout la mouvance salafiste-jihadiste en Tunisie. En faire un parti ouvert à tous les Tunisiens, qui en majorité refusent l'amalgame religion-politique. Un message aussi aux milieux d'affaires dont Ennahdha veut susciter la confiance.

Des motions discutées préconisent également de rajeunir et de féminiser le parti. Pour l'heure, c'est un homme de 74 ans, Rached Ghannouchi, le président de toujours du parti qui devrait être reconduit lors d'un vote prévu au début du congrès.

Ennahda n'a pas de référence politique, que des références religieuses

01:04

Alaïa Allani ne croit pas à la mutation profonde d'Ennahda

Aabla Jounaïdi

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