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Algérie

Présidentielle algérienne: la participation, l'inconnue du scrutin

Les Algériens sont appelés à voter ce jeudi pour élire leur président. Six candidats sont en lice dont le président Bouteflika qui brigue un quatrième mandat à 77 ans. Un président malade et très fatigué qui n’a pas été capable de mener lui-même sa campagne. Mais il est néanmoins grand favori du scrutin dont la principale inconnue est la participation et le score qu’obtiendra le principal adversaire du chef de l’Etat Ali Benflis.

La 4e candidature très contestée du président Bouteflika risque de ne pas être un facteur de mobilisation.
La 4e candidature très contestée du président Bouteflika risque de ne pas être un facteur de mobilisation. REUTERS/Zohra Bensemra
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Les Algériens iront-ils voter ce jeudi ? C’est la première question qui se pose à quelques heures du scrutin. La quatrième candidature très contestée du président Bouteflika risque de ne pas être un facteur de mobilisation malgré les appels à un vote franc et massif. Au contraire, si on en croit la contestation qu’elle a suscitée. Celle d’Ali Benflis, qui fait son grand retour après sa défaite de 2004 où il avait obtenu 6% des voix, et dit avoir su mobiliser les foules pendant ses meetings, poussera t-elle les Algériens se rendre aux urnes ? Difficile à dire car nombreux sont ceux qui ne croient plus que leur voix compte dans le pays. « Ce n’est pas une élection mais une désignation », affirme comme beaucoup l’ancien maire de Tizi Ouzou, Moustapha Si Salah.

→ A (RE)LIRE: Etonnante campagne pour une présidentielle jouée d’avance

Beaucoup d’observateurs pronostiquent dans le contexte actuel une abstention record. D’ordinaire inférieure à 20 %, selon les chiffres officieux, reconnus par la plupart des observateurs de la la vie politique algérienne, elle pourrait n’être cette fois-ci qu’à un seul chiffre, c'est-à-dire inférieure à 10 %. « C’est sur la participation que se focalisera la fraude », pronostique l’éditorialiste Kamel Daoud.

L’élection sera-t-elle transparente ?

Durant la campagne, plusieurs candidats ont dénoncé des fraudes avant l’heure. « Le fichier électoral a été malmené, l’administration est instrumentalisée, et le gouvernement est devenu un comité de soutien du président », a dénoncé Ali Benflis ces derniers jours. Avec les candidats Ali Fawzi Rebaïne et Moussa Touati, il a décidé de travailler en synergie pour parer à toute éventualité de fraude.

Le ministère de l’Intérieur, lui, a résumé les garanties de transparence dans un petit fascicule. Une liste de précautions et dispositions légales qui sont censées couper la route à la fraude. Mais certains principes comme la non utilisation des biens publics au profit d’une des parties ont déjà été violés pendant la campagne, selon Ali Fawzi Rebaïne un des candidats en lice qui a dénoncé la partialité de l’administration et l’utilisation des moyens de l’Etat au profit du camp Bouteflika.

Quelle forme pourrait prendre la contestation ?

Le climat délétère qui a caractérisé la dernière semaine de campagne laisse interrogateur. Comme rarement, la campagne a en effet été émaillée d’incidents. A Bejaïa en Kabylie, un meeting a été annulé à cause de violentes manifestations, à Metili près de Ghardaïa, les partisans du chef de l'Etat ont été accueillis à coups de pierres. Des portraits du président ont été arrachés des murs. Les Algériens ont dit non de manière frontale à la quatrième candidature d’Abdelaziz Bouteflika.

En réponse, le camp présidentiel a traité les tenants du « ça suffit » de terroristes et de fascites. Abdelaziz Boutefika a ensuite lui-même accusé indirectement Ali Benflis de faire du « terrorisme télévisé » suite aux avertissements que celui-ci avait lancé à l’administration et aux fraudeurs éventuels.

Une guerre des mots qui ne participe pas à l’apaisement à quelques heures du scrutin. Le score qu'obtiendra Ali Benflis est d'ailleurs à surveiller de près car il donnera le signal éventuel d'une contestation de rue puisque l'ancien Premier ministre d'Abdelaziz Bouteflika, a déjà déclaré qu'il ne resterait pas les bras croisés en cas de fraude.

►A (RE)ECOUTER : Abdelaziz Bouteflika : un candidat fantôme

Ce qui préoccupe les Algériens c'est surtout ce qui va se passer après le 17 avril. Que va-t-il se jouer au sommet du pouvoir ? Comment Abdelaziz Bouteflika va-t-il tenir le pays dans son état, et va-t-il désigner un vice-président pour déléguer ses pouvoirs ? Ce qui est sûr, confie un observateur étranger, c’est que « cette élection est une élection qui ne résoudra aucune des deux questions capitales qui sont la succession et les réformes ». « Cette élection, ajoute cet observateur, ne fait que reporter ces deux problèmes qui devront inévitablement être traités dans les mois qui viennent ».

Le quatrième mandat de Bouteflika est un compromis par défaut, arraché in extremis par les deux chefs prépondérants de l'oligarchie militaire : le chef d'état-major et le patron des services secrets. Le quatrième mandat, de ce fait, s'apparente davantage à une trêve qu'à un modus vivendi.

06:40

Mohammed Hachemaoui, politologue, chercheur associé à l’Iremam

Anne Verdaguer

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